Ultra-trail: l’hygiène de base vs nutrition pour éviter les troubles gastriques

Ultra-trail l’hygiène de base vs nutrition pour éviter les troubles gastriques
Ultra-trail l’hygiène de base vs nutrition pour éviter les troubles gastriques

Les problèmes de l’alimentation représentent un sujet essentiel chez les traileurs. Un abandon sur deux est lié à des troubles digestifs sur les courses de l’UTMB® et la plupart des ultra-trails. Vomissements, incapacité à manger, affaiblissement, déshydratation… Tous ces symptômes sont liés à cette même cause qui peut devenir grave.

Par Anne Odru avec Le Docteur Pierre-Eric Baisse, Médecin sur l’UTMB

À l’origine

Les troubles digestifs sont dus à plusieurs facteurs : les secousses répétées de la course en montagne, l’ischémie de l’appareil digestif, le sang ayant migré vers les muscles, le stress de la course de nuit majoré par le froid. Par exemple, au kilomètre 100 de l’UTMB®, après une première nuit blanche, de nombreux coureurs n’arrivent plus à s’alimenter à cause de nausées, de vomissements, de spasmes ou de diarrhées ! Difficile alors de gérer sa glycémie, le carburant des muscles.

Éviter ou limiter les troubles

Avant la course, il faut partir avec les intestins légers : éviter les aliments avec fibres dans les 4 jours précédents et les aliments solides dans les 4 heures précédentes. Pas de pasta party dans l’avant-course !

Pendant la course

Les muscles ont besoin de sucre pour fonctionner. L’entraînement a permis de le stocker sous forme de glycogène (dans le foie et les muscles) mais cette réserve est plus ou moins rapidement épuisée. Il faut alors apporter toutes les demiheures une dose de sucre : attention, pas d’expériences nouvelles en course, les aliments doivent être testés à l’entraînement, il y a tant de barres et de gels sur le marché que le coureur doit connaître ceux qui lui conviennent. Dans le solide et le liquide, il faut associer le sucré et le salé, la déperdition en sel est majeure en trail. Idéal, le mélange fruits secs sucrés-salés et les biscuits apéritifs.

Attention à ne pas confondre chaleur et soif : en se gavant d’eau, on risque de graves problèmes (hyponatrémie d’effort) ! Il faut boire quand on a soif, quelques gorgées avec le solide pour faire descendre ! Aux ravitaillements, il faut accorder quelques minutes à l’organisme avant d’avaler quoi que ce soit, pour laisser le temps au sang de revenir vers l’estomac : en profiter pour les petits gestes vestimentaires et pour se laver les mains !! Lorsque les troubles digestifs ne permettent plus de se ravitailler, pas de panique.

L’organisme va aller puiser dans nos graisses pour les transformer en sucre : ça va prendre une bonne heure, mais ça va matcher ! D’où l’erreur de l’obsession du poids de forme, avec une faible réserve de graisse, et le danger de l’anorexie chez certaines traileuses qui n’ont que la peau sur les muscles ! Certains médicaments de confort sont proposés par les médecins de course contre les vomissements, spasmes et diarrhées : leur efficacité relative est majorée par le respect d’un jeûne d’une heure au moins : on peut en profiter pour faire une micro-sieste, ou continuer à marcher.

Après la course

À la fin d’un ultra-trail, l’organisme a besoin d’un retour au calme ; le tube digestif aussi : il est atrophié, irrité, ses muqueuses dévastées. Il faut le remettre très progressivement en route : la bière sur la ligne d’arrivée ou la pizza deux heures après sont des mauvaises idées et terminent souvent dans le caniveau !

Dans les jours qui suivent, il faut recharger en minéraux, en sucres lents et rajouter des antioxydants. Éviter de se remettre dans le « rouge » avant 2 à 3 semaines, les constantes biologiques rénales et musculaires restant longtemps perturbées.


Médicaments

Protocole en cas de vomissements : Spasfon + Vogalène + jeûne pendant 1 heure.

On arrive ainsi à gérer certains troubles pendant la course. Si vous êtes fragile et sujet au syndrome de l’intestin irritable, préconisez le pansement gastrique comme le Smecta, ralentissez l’alimentation liquide, mangez des bananes. Le stress peut également perturber, d’où l’expression « la trouille au ventre »

Triathlète aventurière - Journaliste du sport et sportive - Formation scientifique en sciences de la nature et de la vie - Rédactrice en chef adjointe