Vous avez mal sur le côté de la hanche quand vous courez ou pendant vos séances de fitness. C’est probablement une tendinite du moyen fessier. Voyons comment le confirmer. Découvrons ensemble des solutions thérapeutiques afin que vous retrouviez le plaisir de bouger !
Le moyen fessier désigne un gros muscle en forme d’éventail. En haut, il s’accroche sur toute la largeur du bassin, sur une grande écaille osseuse nommée « aile iliaque ». En descendant, il se resserre, devient un tendon qui s’insère sur l’extrémité supérieure du fémur, l’os de la cuisse. Cette cordelette fibreuse plus étroite s’amarre fermement sur un relief osseux appelé « grand trochanter ». Cette portion finale concentre toutes les tensions et souffre parfois de microdéchirures. C’est la « tendinite du moyen fessier ».
Ce muscle puissant a pour principale fonction de stabiliser votre bassin quand vous êtes en appui sur une seule jambe. En effet, dans ces circonstances, le bassin est dans le vide du côté du membre inférieur en suspension. Il ne demande qu’à basculer vers le bas en pivotant autour de la hanche en charge. Heureusement, votre moyen fessier tire sur l’aile iliaque en sens inverse et permet à votre bassin de rester horizontal. À ce stade, quelques remarques s’imposent pour bien comprendre votre blessure et son traitement. Le centre de gravité de votre corps en suspension prend en compte la jambe qui passe le pas ou la foulée. Il est très éloigné du centre de rotation de la hanche en appui. De fait, le bras de levier est tel que votre moyen fessier doit fournir une traction égale à trois fois votre poids !
LE MOYEN FESSIER TIRE 3 FOIS LE POIDS DU CORPS POUR STABILISER LE BASSIN
Autre spécificité : ce muscle ne mobilise pas amplement des pièces osseuses. Il se contente de stabiliser votre bassin. Il résiste à une contrainte, il travaille vigoureusement sans se raccourcir. On dit qu’il produit une « contraction isométrique ». En réalité, il réalise de micro-freinages de la bascule du bassin. Le muscle tire dans un sens alors que l’os part dans l’autre et le tendon est comme écartelé. En rééducation, il faudra le réadapter à la nature de ces stress tissulaires.
Mesdames, vous êtes volontiers candidates à cette lésion, essentiellement pour deux raisons. Premièrement, votre bassin est plus large. Vous le savez, cette grande forme évasée permet d’accueillir le fœtus pendant la grossesse et de laisser passer la tête du bébé lors de l’accouchement. Conséquence ! En appui sur une seule jambe, le centre de gravité s’éloigne de la hanche en charge, le bras de levier augmente et le moyen fessier doit tirer plus fort ! Son tendon est plus volontiers surmené !
LE BASSIN LARGE FAVORISE LA TENDINITE DU MOYEN FESSIER
Deuxièmement, la ménopause n’arrange rien à l’affaire ! En effet, au cours de cette période, les ovaires cessent de produire les hormones féminines, notamment les œstrogènes. Ces hormones, à la manière de la testostérone chez l’homme, constituent un puissant facteur anabolisant. Sans cette stimulation, les protéines sont produites en moindre quantité et les tissus se reconstruisent moins bien. Le phénomène est bien connu au niveau de la trame osseuse, il s’agit bien sûr de l’ostéoporose. Bref, la tendinite du moyen fessier est le siège d’un processus plus général qu’on peut qualifier de « tendinoporose ».
LA MÉNOPAUSE FAVORISE LA TENDINITE DU MOYEN FESSIER
Cette souffrance tendineuse à la fois mécanique et biologique existe aussi fréquemment à un autre endroit sur le bassin, au niveau des ischions. Cette zone correspond à l’insertion des ischio-jambiers, les muscles situés à l’arrière de la cuisse. Ainsi, cette lésion provoque des douleurs en bas des fesses en courant et en position assise. Elle a fait l’objet d’un article dans Docdusport dont le titre est : « la tendinite de la ménopause » tout simplement.
Si vous souffrez d’une tendinite du moyen fessier, vous avez mal sur le côté de la hanche quand vous êtes en appui sur une seule jambe. La course à pied constitue le cas de figure le plus fréquent. Au début de l’évolution, les douleurs surviennent plutôt après votre footing. Peu de temps après, elles sont présentes à l’échauffement puis disparaissent au cours de la séance. Si vous insistez, quelques semaines plus tard, elles refont leur apparition en fin de parcours.
DOULEUR À LA CONTRACTION, À L’ÉTIREMENT ET À LA PRESSION SUR LE MOYEN FESSIER
Si vous vous entêtez, elles finissent par altérer votre vie quotidienne. Malgré tout, un message rassurant s’impose ! Ces douleurs latérales ne sont pas celles d’une arthrose de hanche ! Cette dernière fait mal dans le creux inguinal, non loin du pubis ! Bref, rien de rédhibitoire dans votre blessure… et pas de prothèse à l’horizon. Lors de l’examen médical, vous percevez une gêne quand vous sautillez sur une jambe. Votre doc du sport reproduit la douleur quand il vous demande d’écarter la jambe et qu’il résiste avec un bon bras de levier. Il vous fait mal à nouveau lorsqu’il étire votre moyen fessier en croisant vos jambes et ramenant votre genou vers votre buste. Enfin, votre thérapeute vous fait souffrir quand il appuie sur le tendon, à proximité de son insertion sur le sommet du fémur.
Une radiographie est d’usage pour exclure une arthrose et vous rassurer ! On peut parfois y voir un bec osseux à l’extrémité supérieure du fémur, à l’endroit où s’accroche le tendon. Cette épine s’explique par sa traction répétée qui a fini par emmener un peu de tissu osseux. Plus rarement encore, on y décèle quelques calcifications enchâssées plus haut dans le tendon. Entre des mains expertes, l’échographie est l’imagerie de référence pour analyser les tissus mous comme elle décrit en détail le fœtus pendant la grossesse.
RADIO, ÉCHO ET IRM FONT ÉQUIPE
Ainsi, on parvient à visualiser quelques portions tendineuses effilochées à la manière d’un vieux balai de paille de riz tordu. Plus souvent, on met en évidence une fissure parallèle aux fibres provoquée par un excès de cisaillement lorsqu’elles coulissent les unes par rapport aux autres. L’IRM permet de faire un point plus exhaustif en observant l’intérieur du tissu osseux à la recherche d’un œdème profond caractérisant des microlésions des travées et une inflammation de l’os.
Les douleurs sur le côté de la hanche peuvent correspondre à une autre souffrance des haubans latéraux de stabilisation du bassin. Le plus souvent, il s’agit d’une bursite, une ampoule profonde, consécutive à un frottement entre le sommet du fémur et un gros tendon plat, plus superficiel que le moyen fessier, le fascia lata. Cette blessure constitue la version haute du fameux « syndrome de l’essuie-glace » qui fait mal à la face externe du genou. Si la douleur est légèrement plus haute, c’est fréquemment un petit claquage du muscle qui met en tension cette grande lame fibreuse.
NE PAS CONFONDRE AVEC LA BURSITE DU FASCIA LATA
Logiquement, il s’appelle le « tenseur du fascia lata »… et il se déchire non loin de son point d’accrochage sur les larges ailes iliaques du bassin. De temps à autre, on croise une compression du nerf qui franchit ce relief osseux et donne des sensations cartonnées sur le côté de la fesse et de la cuisse. Ce coincement est favorisé par les vêtements serrés ou les ceintures ; il avait été décrit chez les cuirassiers ! L’autre tendinite de la ménopause, celle de la portion haute des ischio-jambiers tourne parfois sur les ischions du bassin et irradie un peu sur l’extérieur. De façon exceptionnelle, on découvre des fractures de fatigue du col du fémur dont les douleurs intenses débordent souvent sur le pourtour de la hanche.
Bien sûr, il est nécessaire de réduire les contraintes mécaniques sur ce tendon ! Mais attention, il ne s’agit pas du tout d’un repos strict ! Bien au contraire ! Si vous laissez un tendon blessé inactif, il cicatrise sous forme d’un magma fibreux à la manière d’une grosse balafre cutanée après suture par un jeune interne tremblotant !
>> N’oubliez pas de lire notre article « Arrêtez de vous arrêter! »
Pour bénéficier d’un beau tissu de remplacement, apte à assumer sa fonction de transmission des forces, il est impératif de lui proposer des contraintes mécaniques progressives. Ces dernières se révèlent motrices pour aligner peu à peu les fibres dans l’axe des tensions. Je vous rappelle que le moyen fessier est principalement un muscle stabilisateur de votre bassin quand vous êtes en appui sur une seule jambe. Ainsi, quand votre centre de gravité est posé sur une selle de vélo, il travaille très peu et participe légèrement à la propulsion. Juste ce qu’il faut pour initier le guidage de la cicatrisation.
PÉDALEZ ! À VÉLO, LE MOYEN FESSIER NE TRAVAILLE PAS
Dès le début de votre traitement, faites du vélo ! Pour les mêmes raisons, le rameur est recommandé. La natation aussi est conseillée. La brasse sollicite le moyen fessier lors de l’écartement des cuisses mais les tensions sont bien moins intenses que celles imposées par la stabilisation du poids de corps. Peu de temps après, l’elliptique est le bienvenu. Bien sûr le bassin n’est pas posé mais l’autre jambe est en appui. Le moyen fessier est encore préservé mais apprécie cette évolution qui le rapproche du trottinement.
Si vous préférez la nature, la marche nordique ou la randonnée avec bâtons propose, elle aussi, un soutien du côté opposé qui réduit la sollicitation du moyen fessier. La reprise de la course doit se faire de façon très progressive. Si une petite douleur est tolérable à l’échauffement, elle doit disparaître en 5 à 10 minutes et ne pas revenir au cours de la séance. Une astuce organisationnelle et thérapeutique permet d’optimiser la reprise. Elle consiste à commencer votre entraînement par une sortie vélo ou par une séance d’elliptique.
Ainsi, vous « cochez la case sport » pour la journée puis vous enchaînez par un peu de rééducation à la course qui fait office de retour au calme. Pour cela, vous terminez par 5 minutes de jogging à vitesse modérée. Et vous ajoutez 5 minutes à chaque séance. L’incrémentation est arbitraire et peut varier selon les cas mais elle a le mérite d’obliger à une progression structurée. Le tapis en salle permet de faire évoluer la vitesse et la durée de façon rigoureuse.
ENCHAÎNEZ ELLIPTIQUE ET TROTTINEMENT CROISSANT
Quand vous atteignez une durée suffisante, contentez-vous de courir… Partez doucement, commencez par marcher. À moins que vous ne conserviez quelque temps la bonne habitude de pédaler pour vous échauffer ! Après avoir validé 30 minutes à une heure de jogging en endurance, vous reprenez le fractionné et les déplacements latéraux. Là encore, avancez pas à pas en vous laissant guider par la règle de la non-douleur.
N’hésitez pas à « dissocier » votre programme encore quelque temps en effectuant les séances plus intenses sur vélo ou sur elliptique. En quelques semaines, vous courez à vive allure, vous slalomez et vous bloquez ! Vous vous sentez très en forme et vous avez oublié votre moyen fessier.
Très souvent, un aménagement de votre programme d’entraînement suffit à laisser cicatriser votre moyen fessier. Il est toujours de bon ton de soutenir cette réparation tissulaire avec des compléments nutritionnels fortement impliqués dans la constitution des tendons. On pense à des collagènes de qualité. Ils sont alors sous forme de peptides afin d’exacerber le message de destruction et stimuler les fibroblastes, les cellules à l’origine de cette reconstruction. Le silicium constitue un autre constituant essentiel du tendon. On peut le comparer au calcium pour les os. Comme lui, il relie les fibres entre elles. Il leur confère un coulissement souple et élastique.
COLLAGÈNE ET SILICIUM : DES COMPLÉMENTS INTÉRESSANTS
La kinésithérapie accompagne la « mécanisation » induite par le sport bien choisi. Grâce à du travail musculaire et à des étirements progressifs, la rééducation permet de doser finement la remise en contrainte du tendon. Elle peut aussi stimuler la cicatrisation à l’aide de techniques de massage et de physiothérapie. Les MTP ou « massages transversaux profonds » parviennent à briser les magmas fibreux et anarchiques. En provoquant des micro-saignements, ils relancent des processus de cicatrisation qui s’essoufflent.
Les ondes de choc fonctionnent de façon voisine. Les ultrasons mobilisent plus doucement la zone en cours de régénération. Le laser casse aussi les protéines agglutinées et défibrose les tissus. La TECAR chauffe en profondeur et ouvre les vaisseaux tout en réharmonisant les champs électriques des cellules traumatisées.
LA KINÉ ACCOMPAGNE LA RÉPARATION ET LE RÉENTRAîNEMENT TENDINEUX
Si vous avez les jambes très arquées et les pieds creux, vous mettez en tension l’ensemble de vos haubans externes. Une semelle réalisée par un podologue du sport est envisageable. Elle est alors munie d’un relief externe appelé « bandelette pronatrice ». Cette dernière bascule légèrement votre membre inférieur vers l’intérieur et réduit la traction sur votre moyen fessier. De façon plus fréquente, vous présentez la particularité opposée.
À chaque réception, vous partez en pronation. Votre pied s’écrase, votre genou bascule suivi de votre fémur qui tourne vers l’intérieur. Tout en haut, votre tendon du moyen fessier subit des « contraintes en serpillières » qui disloquent les fibres. Dans ces circonstances, la semelle orthopédique réservée au sport doit proposer un soutien de la voûte plantaire.
DES SEMELLES ADAPTÉES À VOTRE FOULÉE SONT ENVISAGEABLES
En cas d’échec, on réalisait autrefois des infiltrations pour apaiser l’inflammation au sein du tendon. Malheureusement, cette option thérapeutique avait aussi tendance à déliter et à fragiliser les fibres tendineuses. Désormais, on propose une stratégie bien plus biologique : le PRP pour « plasma riche en plaquettes ». Le radiologue vous fait une prise de sang, centrifuge le contenu et prélève la hauteur correspondant à vos plaquettes.
Ces dernières sont les microcellules qui s’agglutinent sur vos plaies et les obstruent. Elles attirent vos cellules souches, celles qui savent refaire tous les tissus. Réinjectées sous échographie dans la fissure ou la lésion tendineuse, la durée de vie des plaquettes est de 10 à 12 jours. Au cours de cette période, il est recommandé de les laisser tranquillement recoller les fibres et le repos est opportun.
UNE INJECTION DE PLAQUETTES POUR RECOLLER LES FISSURES
Dans les 4 à 6 semaines qui suivent, une remise en contraintes progressives se révèle bénéfique pour mécaniser la cicatrice. Rééducation douce, vélo, natation, elliptique, trottinement, course et déplacements latéraux s’enchaînent jusqu’à la reprise.
Parfois, un deuxième PRP est nécessaire. Exceptionnellement, une chirurgie s’impose pour suturer de larges déchirures dans le tendon. Mais, pour vous rassurer, je peux vous dire qu’en
30 ans de pratique, je n’ai jamais posé cette indication !
ÉVITEZ LA RÉCIDIVE !
Vous l’avez compris, le moyen fessier travaille énormément lorsque vous êtes en appui sur une seule jambe. De fait, pour le ménager tout en poursuivant votre préparation physique, l’entraînement croisé s’impose comme une évidence ! Pédalez, nagez, faites de l’elliptique et du rameur. Pratiquez la marche nordique !
En trail, en compétition comme à l’entraînement, n’hésitez plus à utiliser les bâtons ! Enfin, pour prévenir les contraintes en torsion au sein du tendon, il est vivement conseillé de tonifier vos appuis. Les recommandations habituelles consistent à vous proposer de réduire l’amplitude de la foulée, de poser le pied à la verticale du buste et de quitter le contact instantanément comme si le sol brûlait.
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