Nos enfants ne bougent pas assez !

Nos enfants ne bougent pas assez !
Nos enfants ne bougent pas assez !

Une étude mandatée par l’OMS et parue dans The Lancet Child and Adolescent Heath met en évidence que 80 % des jeunes ne sont pas assez actifs. Les auteurs interpellent les gouvernements occidentaux ! Mais nous, parents, que devons-nous faire ?

François CARRÉ, cardiologue du sport, fervent défenseur du mouvement pour la santé, met l’accent sur l’altération des aptitudes aérobies. En 1971, les collégiens couraient 600 mètres en 3 minutes. Il leur faut désormais 4 minutes. Ces résultats correspondent à une réduction de 40 % de la consommation maximum d’oxygène ou VO2max. Ce constat décrit une nette dégradation des capacités du cœur et des muscles de nos enfants. Il ne s’agit pas que d’un paramètre de performance mais bien d’une donnée santé.

EN 1971, LES ENFANTS PARCOURAIENT 600 MÈTRES EN 3 MINUTES. DÉSORMAIS, IL LEUR EN FAUT 4 !

En effet, voilà qui constitue une sérieuse érosion des capacités fonctionnelles à l’origine d’un véritable cercle vicieux : « Je suis essoufflé en montant deux étages, je vais prendre l’ascenseur », « je suis fatigué en allant à l’école à pied, je vais prendre le bus ». Insidieusement, nos enfants brûlent moins de calories chaque jour et prennent du poids. Selon une étude canadienne, depuis 1982, les adolescents de même taille ont pris 7 kilos !

DEPUIS 1982, LES ADOLESCENTS DE MÊME TAILLE PÈSENT 7 KILOS DE PLUS !

C’est ainsi que le diabète de type 2 qui survenait autrefois à la maturité fait désormais son apparition chez les adolescents, voire les enfants. Dans ces circonstances, le corps saturé de réserves énergétiques est dans l’incapacité d’assimiler le glucose. Ce sucre s’accumule dans le sang puis se fixe de façon anarchique sur les protéines de tous les organes altérant la fonction des vaisseaux, des nerfs, des reins et des yeux ! Une catastrophe ! Et François CARRÉ de renchérir : « Si rien n’est fait, les crises cardiaques qui frappaient à 50 ou 60 ans se produiront désormais à 30 ou 35 ans ! Est-ce le cadeau que nous voulons faire à nos enfants ? »

La sédentarité plus que la malbouffe !

Au cours des 30 dernières années, l’apport calorique moyen a diminué. C’est vrai concernant les glucides et les lipides. À l’inverse, on constate que la courbe du surpoids s’élève parallèlement à celle du taux d’équipement des foyers en voitures et en écrans. Evidemment, la stratégie santé pour nos enfants passe par l’éviction des sucreries, des sodas, des jus de fruits, des chips, des pâtes à tartiner ou des denrées ultratransformées. Sans oublier la diminution des féculents au profit des végétaux crus ou cuits.

NOS ENFANTS MANGENT UN PEU MOINS QU’IL Y A 30 ANS.
NOS ENFANTS BOUGENT BEAUCOUP MOINS QU’IL Y A 30 ANS

Toujours est-il que le message institutionnel : « 5 fruits et légumes par jour » est mieux passé que « 30 minutes d’activité physique par jour ». Pour la population, ce dernier semblait destiné aux adultes sous prétexte qu’un enfant joue et remue spontanément. Malheureusement, la réalité a montré qu’un jeune pouvait lui aussi renoncer au mouvement ! L’OMS indique désormais que cette population en croissance doit faire de l’exercice au moins une heure par jour ! Ces chiffres ronds mettent en évidence que ces ordres de grandeur sont plus pédagogiques que scientifiques !

Bombe à retardement biologique et sociologique !

Bien évidemment, les crises cardiaques, les accidents vascu­laires cérébraux, la majorité des cancers surviennent chez l’adulte. Pourtant, la prévention doit débuter bien plus préco­cement. En effet, des études ont mis en évidence des traînées graisseuses microscopiques dans les artères dès l’âge de 10 ans. Elles sont visibles à l’œil nu vers 15 ans et deviennent dures et fibreuses aux alentours de 20 ans. Voilà qui fait le lit de l’infarctus ultraprécoce !

DES TRAÎNÉES GRAISSEUSES DANS LES ARTÈRES DES ENFANTS DE 10 ANS

De surcroît, l’aptitude à brûler des calories est amplement dépendante de la régulation de nos gènes. On parle d’« épi­génétique ». Bien que ce processus existe tout au long de la vie, il est plus efficient au cours de la jeunesse. Ainsi, un enfant qui fait du sport régulièrement active durablement la synthèse de protéines impliquées dans les aptitudes musculaires et cardio-vasculaires.

BOUGER DANS L’ENFANCE ACTIVE LES GÈNES DE LA COMBUSTION ÉNERGÉTIQUE

De surcroît, pour la vie entière, il renforce et adapte son appa­reil locomoteur. C’est ainsi qu’au-delà des bienfaits immédiats de l’activité physique, il se construit un corps apte à assumer le mouvement tout au long de son existence. Bien évidemment, le concept se décline sur le plan psychologique, culturel et sociologique. Inculquer le goût de l’effort, intégrer au quotidien des rituels sportifs, montrer l’exemple font aussi de nos enfants des adultes sportifs.

Le sport en club : une bonne idée… insuffisante !

À moins de pratiquer à très bon niveau, plus de 7 à 10 heures par semaine, les pratiques institutionnelles n’apportent pas toutes les garanties. Il est fréquent de voir des enfants s’entraînant une à trois fois par semaine victimes de surpoids et d’altération de la condition physique. En l’absence d’activité physique chaque jour, la dépense calorique reste trop faible. 

TROIS SÉANCES DE SPORT PAR SEMAINE : INSUFFISANT POUR LA SANTÉ

En revanche, si le sport en club s’associe à une culture de l’exercice quotidien, il assure des séances à plus haute intensité.  En effet, vous l’avez lu, la réduction des capacités fonctionnelles s’inscrit réellement dans ce problème de santé publique ! Il faut être en forme pour assumer un quotidien actif avec aisance comme pour prendre plaisir à s’entraîner ! Un vrai cercle vertueux ! Le sport est un complément indispensable à l’activité physique ! Toutes les disciplines apportent un bénéfice psychomoteur. Les diversifier tout au long de la jeunesse fait fructifier ce capital neurologique.

LE SPORT EN CLUB : EXCELLENT POUR AMÉLIORER LES APTITUDES PHYSIQUES

Il est source d’amélioration des capacités cognitives trans­férables vers les apprentissages scolaires. Ce patrimoine de coordination permet à l’adulte de multiplier les plaisirs du mouvement et de croiser les pratiques pour plus d’assiduité et moins de blessures. Bien évidemment, les sports collectifs optimisent la gestion des rapports interindividuels ; les qualités relationnelles acquises seront déclinables dans tous les domaines de la vie et particulièrement au sein de l’entreprise. Le monde du travail adore le concept du « réussir-ensemble » !

DIVERSIFIER LES APPRENTISSAGES POUR VARIER LES PLAISIRS TOUTE LA VIE ! 

Cependant, la prudence s’impose ! Au sein de chemins initia­tiques et variés, il ne faudra pas oublier les activités individuelles qui pourront être plus aisément poursuivies lorsque les responsabilités professionnelles et familiales viendront altérer la disponibilité. Bref, il est bon d’inclure de l’athlétisme qui deviendra running, de la natation à dose bienveillante et pourquoi pas un peu de triathlon. L’haltérophilie n’est pas contre-indiquée chez l’adolescent. À cet âge, il s’agit surtout d’un sport technique qui enseigne le soulèvement de charges croissantes. Cette pratique évolue facilement vers la muscu­lation en salle ou le renforcement à domicile au grand bénéfice de la santé de l’adulte. Les danses de toute nature enrichissent les schémas moteurs. Quelques années plus tard, ces activités peuvent continuer de façon autonome ou en cours collectifs. Elles évoluent sans difficulté vers des séances de fitness chorégraphiques excellentes pour la condition physique tout au long de la vie. 

NE PAS OUBLIER LES SPORTS INDIVIDUELS PLUS FACILES À PRATIQUER CHEZ L’ADULTE

L’éducation physique à l’école s’inscrit dans cette dynamique. L’enseignement évolue dans le bon sens. Les heures consacrées aux pratiques institutionnelles et collectives diminuent au profit des activités de course ou de fitness comme le step ou le frisbee. Dans certaines collectivités, on voit même apparaître des modules de vélo au cours desquels l’élève acquiert l’aisance nécessaire à une pratique sécuritaire, pourquoi pas dans le cadre des déplacements urbains !

Le sport en famille… un point clé !

Une étude de l’INSERM met en évidence que pour faire de nos enfants des adultes sportifs, il faut faire de l’exercice avec eux ! Si la pratique au cours de la jeunesse est cruciale, sa poursuite se révèle essentielle quand les facteurs de risque s’installent avec la maturité. Il faut prévenir plus que jamais le tabagisme, le diabète, l’excès de cholestérol, l’hypertension artérielle et même l’anxiété et la dépression. Ainsi, vous montrez l’exemple. Vous mettez en évidence que, malgré les contraintes professionnelles et les responsabilités familiales, le sport peut rester inscrit à votre agenda !

FAIRE BOUGER LES ADOS, C’EST PAS ÉVIDENT ! MONTRER L’EXEMPLE, C’EST IMPORTANT 😊 !

Malheureusement, ce message n’est pas assez transmis. Le dernier spot publicitaire « faire bouger les ados, c’est pas évident ! Les encourager, c’est important » met l’accent sur bon nombre d’activités institutionnelles.

Mais on n’entend jamais : « Veux-tu venir courir avec moi ? »… On aperçoit de façon furtive une maman qui se baigne à la mer et un papa gardien de but entre deux blousons posés au sol ! C’est dommage, il aurait fallu insister ! Alors, prenez le contre-pied ! Ne vous contentez pas d’accompagner vos progénitures au club ! Emmenez-les bouger ! le week-end est propice aux virées familiales et complices : balades à vélo, randonnée, matinée piscine. Ces activités cultivent la motivation intrin­sèque, celle du plaisir de bouger, celle du bonheur de se sentir en forme ! Cette envie est plus pérenne que celle qui recherche un résultat comme la perte de poids ou la performance en compétition ! La motivation dite « extrinsèque » est plus labile. Elle s’érode rapidement quand les effets s’émoussent ou lorsque les scores deviennent moins valorisants. En semaine aussi, il faut passer le message : elliptique dans la chambre, renfo poids de corps dans le salon, petit rituel de yoga… avec invitation à participer !

MONTRONS À NOS ENFANTS QUE LE SPORT EST COMPATIBLE AVEC UN AGENDA D’ADULTE

Bien évidemment, le footing s’intègre au protocole de sensibilisation ! C’est d’abord le bonheur d’accompagner ses parents, emmitouflé dans une poussette de compétition. 😊 Rapidement, il est possible de les suivre à draisienne, à vélo puis à patinette. Enfin, c’est la fierté de pouvoir trottiner avec eux ! Bien sûr, on dit FAIRE de la course à pied et JOUER au foot… mais le running peut être ludique ! Cache-cache, slalom, franchissement d’obstacles naturels ou urbains, exercices au square, petits sprints intermédiaires… et pour les plus chan­ceux : s’amuser avec le chien ! Plus tard, chez l’ado, une belle complicité peut s’instaurer autour d’une séance pluri-hebdo­madaire à la salle de fitness. Voilà une bonne façon de le réconcilier avec son corps en pleine mutation… et potentiel­lement séducteur ! Surtout, n’oubliez pas que les tests cognitifs sont meilleurs après le sport ! L’effort échauffe le cerveau ! La programmation neuronale du mouvement suit le même chemin fonctionnel que l’élaboration d’une pensée ! Le temps des activités physiques n’empiète pas sur les devoirs, il les facilite et constitue une école d’organisation ! Il n’y a aucune concurrence entre l’école et le sport ! Juste une synergie !

Et l’activité physique au quotidien ?

Chez l’enfant, le jeu constitue un incontournable du mouve­ment spontané. Voilà qui remet sur la table le lieu commun des écrans vecteurs d’hypersédentarité. Le même docteur François CARRE a décrit le concept de « sédentaire sportif » chez l’adulte. Il s’agit d’un individu qui s’entraîne trois fois par semaine conformément aux recommandations mais reste assis derrière son ordinateur durant toute sa journée professionnelle. Au cours de cette longue période sans activité, le métabolisme énergétique s’éteint, provoquant une accumulation de glucides et de lipides dans les tissus. Les cartilages s’aplatissent, les disques intervertébraux se tassent, les membranes articulaires se rétractent et les muscles se figent !

JOUER !  DEHORS, DEDANS ! MAIS JOUER AVEC SON CORPS !

N’imposons pas ce déconditionnement insidieux mais puis­sant à nos enfants ! Encourageons les ébats ludiques dans la cour de l’école, à la maison ou pourquoi pas à l’extérieur ! À l’école, les enseignants semblent désormais sensibilisés à la « demi-heure d’activité physique quotidienne »… alors n’hési­tons pas à en parler avec eux ! Les trajets constituent une réelle oppor­tunité de mouvements. Evitons la voiture… mais aussi la patinette électrique… et même le vélo-cargo ! Investissons du temps pour la santé de toute la famille !

LES TRAJETS À PIED, VOIRE EN TROTTINANT, À PATINETTE, À DRAISIENNE OU À VÉLO

La marche ressemble à la solution idéale… et les parents montrent l’exemple ! Elle peut même se transformer en petites foulées quand l’heure de la sonnerie approche. Si les loupiots ne vont pas assez vite, « patinette musculaire » et draisienne, voire vélo sont les bienvenus pour avancer au rythme de parents  toujours trop pressés … Dans l’apaisement et la bonne humeur, ritualisons ces parcours pour en faire des chemins de complicité ludique et pédagogique ! 

Triathlète adepte du cardiotraining et de la musculation - Médecin du sport - traumatologue du sport - nutritionniste du sport - diplômé en entraînement du sportif - Rédacteur en chef