L’épidémiologie travail de recherche sur les aspects gynécologiques en ultra-trail

L’épidémiologie travail de recherche sur les aspects gynécologiques en ultra-trail
L’épidémiologie travail de recherche sur les aspects gynécologiques en ultra-trail

Le docteur Patrick Basset, responsable médical sur l’UTMB® et Cécile Vigne se sont associés pour s’intéresser à l’épidémiologie concernant les femmes traileuses et leurs pathologies gynécologiques. Une étude qui a abouti à un questionnaire distribué sur l’UTMB® afin de recenser un maximum d’informations.

L’épidémiologie désigne une discipline scientifique qui étudie les problèmes de santé dans les populations humaines, leur fréquence, leur distribution dans le temps et dans l’espace, ainsi que les facteurs exerçant une influence sur la santé et les maladies de populations.

Par Anne Odru Avec le Docteur Patrick Basset, Médecin Anesthésiste-Réanimateur, Directeur Médical De l’UTMB et Cécile Vigne, Interne en Médecine Générale

Une thèse pour creuser et aider

L’objectif de ce questionnaire est de répertorier les prévalences des pathologies gynécologiques dans le but de faire de la prévoyance. Ce questionnaire a été établi avec l’aide de deux traileuses bien connues : Marion Delespierre et Blandine L’Hirondel, deux championnes de trail aguerries qui ont tenu à identifier des conflits d’ordre psychologique chez les femmes.

Cécile Vigne dans son projet de thèse a voulu donner suite à l’étude préalablement établie par ses deux consoeurs. À 28 ans, Cécile est interne en médecine générale et envisage la médecine du sport. Secouriste sur l’UTMB® depuis 2 ans, elle continue ses études sur les sports d’endurance en général. À première vue : « Les sportives sont plus touchées et ont moins leurs règles que les autres. Une conséquence due à la perte de masse grasse trop intense. Considérée comme un avantage pour certaines afin d’éviter la gêne occasionnée par les menstruations, cette perte peut avoir des conséquences négatives car elle perturbe les hormones féminines qui sont très importantes, notamment pour protéger les os. De quoi engendrer des risques quant à la performance. »

Ce déficit touche beaucoup de femmes ; si elles sont bien prises en charge, il est alors plus facile de compenser le manque. Il y a un vrai travail de prévention à faire sur la prévalence de :

  • L’aménorrhée ;
  • La ménopause ;
  • La grossesse ;
  • Les fuites urinaires ;
  • Les troubles du périnée.

Un sujet de moins en moins tabou

Même si on n’aborde ce sujet que depuis peu de temps, les femmes s’expriment de plus en plus. « Il y a encore des efforts à faire pour mieux les accompagner. C’est un sujet qui me passionne et j’espère pouvoir publier un article scientifique grâce notamment au docteur Patrick Basset avec qui je travaille. Les résultats devraient me permettre de donner des chiffres aux fédérations sportives afin de les sensibiliser. Je suis dans une démarche de prévention et de communication. La charge d’entraînement peut avoir des impacts importants, c’est en m’appuyant sur un maximum de réponses à ce questionnaire que je pourrai évaluer les différentes pathologies gynécologiques et pourquoi pas, ouvrir à d’autres recherches pour compléter… »


Témoignage Du Docteur Patrick Basset

La femme doit-elle être considérée différemment avec ses particularités hormonales ? Il existe un véritable sujet sur les femmes et l’ultra-endurance. On constate un turnover important des élites qui témoigne de la différence entre hommes et femmes. Attention aux troubles du comportement alimentaire qui engendrent une perte de solidification osseuse et une décalcification irréversible !

Aujourd’hui, il faut comprendre tout ça car nous ne connaissons pas encore les impacts. C’est pourquoi il faut quantifier et mener une enquête internationale pour toutes les femmes, élites et amatrices. Cela permettra aux organisations de courses d’adapter le niveau de la compétition. Les femmes ne veulent plus avoir leurs règles mais il faut absolument garder le statut hormonal. C’est pourquoi sur les courses nous devons mieux les accompagner et leur apporter un soutien logistique. C’est en cartographiant les problématiques importantes de la femme que les organisateurs pourront adapter les règlements et proposer de la prévention.

La fondation Ultra Sports Science s’engage dans cette étude pour mener ensuite d’autres enquêtes afin de dépister et d’agir dans la prévention.

La femme au cœur des attentions

Beaucoup d’athlètes s’investissent dans ce domaine car de plus en plus de femmes courent. L’UTMB® s’est positionné sur ce sujet et accompagne les femmes enceintes afin qu’elles ne perdent par leur dossard. Il faut attirer l’attention sur la femme de façon bienveillante et la mettre à l’aise vis-à-vis de ses besoins pour éviter la gêne. Nous allons faire la collecte d’informations sur 6 mois puis les analyser sur 6 mois environ mais il faudra compter au moins 3 ans avant de sortir quelque chose de concret et de scientifiquement valable.

Ce plan d’action va permettre de donner des recommandations et des consignes aux femmes sur des problématiques à communiquer aux médecins. Mesdames, faites attention à votre quotidien et aux signes envoyés par votre corps (fragilité pelvienne, fuites urinaires, infection…) ! Prenez-en soin et écoutez vos douleurs osseuses. Demandez des conseils sur le plan nutritionnel. Il y a également une dimension psychiatrique et psychologique à ne pas négliger afin de faire prendre conscience de tout ce qu’être une femme implique.

Triathlète aventurière - Journaliste du sport et sportive - Formation scientifique en sciences de la nature et de la vie - Rédactrice en chef adjointe