La lésion du ménisque du traileur

La lésion du ménisque du traileur
La lésion du ménisque du traileur

Vous avez une douleur à la face interne du genou ? C’est peut-être une lésion du ménisque. Ce petit amortisseur est particulièrement malmené en trail. Explications, prévention et traitement !

Au niveau du genou, l’os de la cuisse appelé « fémur » est en contact avec le tibia. Le premier présente une surface articulaire convexe alors que le second est plat. La jonction est assurée par deux structures en forme de croissant, les ménisques.

Les ménisques : emboîtement et amortissement

Ce montage complexe permet de préserver l’emboîtement lors des mouvements. En effet, les ménisques reculent quand le genou se plie alors qu’ils pivotent quand l’articulation tourne. Inévitablement, insidieusement, lors des prises d’appuis instables, ils sont pincés. Ils finissent par s’abîmer et se fissurer !

COMMENT RECONNAÎTRE UNE LÉSION DU MÉNISQUE ?

Le ménisque interne ou médial, situé en regard du genou opposé, est beaucoup plus souvent lésé et douloureux. À l’occasion de chaque foulée, le bassin bascule très légèrement du côté sans appui et comprime le compartiment médial du genou en contact avec le sol. Lorsque votre médecin du sport vous examine, vous avez mal en sautillant sur une jambe et lors de l’accroupissement. Vous ressentez une vive douleur à la palpation de votre ménisque, juste à l’interligne entre les deux os du genou.

L’IRM confirme et quantifie la lésion du ménisque

Elle se majore lorsque vous étendez le genou, on parle de « cri du ménisque ». Très souvent, la zone enflammée descend sur le tibia… faisant croire à une tendinite de la patte d’oie ! L’IRM confirme et quantifie le diagnostic. On y voit très souvent une fissure d’usure horizontale qui cisaille le ménisque. Plus rarement, on retrouve des refends verticaux à l’occasion de la multiplication des impacts sur un tissu déjà altéré.

PREMIERS SOINS POUR VOTRE MÉNISQUE ?

Vous l’avez compris, le ménisque se dégrade progressivement. Lorsque la douleur survient, il est abîmé depuis longtemps. Le plus souvent, ce qui vous fait mal, c’est le processus de nettoyage des microlésions consécutives à la dernière sursollicitation. Bref, c’est l’inflammation ! Les anti-inflammatoires ne constituent pas une hérésie thérapeutique. Bien au contraire, il s’agit du traitement biologique de la cause de la souffrance récente. Il est possible de commencer par des comprimés d’anti-inflammatoires dits « non stéroïdiens ».

L’infiltration traite la cause de vos douleurs

On peut les associer à des plantes : de la curcumine, de l’harpagophytum, du boswellia ou du gingembre. Une infiltration de corticoïde n’est pas exclue. Il est pertinent de l’associer à l’injection d’un produit de contraste articulaire qui détoure précisément le cartilage et les ménisques à l’occasion d’un arthroscanner. Pendant deux à trois semaines, il faut également limiter les contraintes mécaniques afin de calmer l’irritation. Mais ouf ! Vous pouvez continuer le sport ! Il suffit d’éviter l’appui sur une seule jambe qui écrase le ménisque. Le crawl est classiquement indolore car le genou est libéré du poids de corps et travaille dans l’axe. Le vélo ne pose pas de souci car le bassin est stable sur la selle. L’elliptique mérite d’être testé parce que les deux pieds sont posés et qu’il n’existe pas d’impact. Comme souvent, la blessure se révèle une opportunité d’ouverture à l’entraînement croisé. Voilà qui peut constituer à l’avenir une vraie stratégie préventive !

TRAITEMENT, ON MONTE D’UN CRAN !

Malheureusement, il arrive qu’apaiser la composante biologique et inflammatoire ne suffise pas ! Les lésions mécaniques redeviennent gênantes à la reprise de la course.

Dans ce contexte, il est opportun de proposer un PRP (plasma riche en plaquettes). Ces dernières sont les petites cellules qui s’agglutinent sur les plaies, bouchent les trous, libèrent des facteurs de croissance et attirent des cellules souches qui savent refaire tous les tissus. La procédure est simple. Le médecin, plus souvent un radiologue, vous fait une prise de sang.

Vos plaquettes : une colle biologique dans votre fissure

Il centrifuge le prélèvement et récupère les plaquettes. Quelques minutes plus tard, sous échographie, il injecte cette colle biologique dans votre fissure méniscale. Il pousse le PRP restant dans la cavité articulaire pour colmater les refends verticaux et les irrégularités du cartilage. À l’issue, il est d’usage de ne pas faire de sport avec le genou pendant 5 jours. De J5 à J10, natation, vélo et elliptique sont possibles en aisance respiratoire. De J10 à J20, ces pratiques peuvent être intensifiées. Après la troisième semaine, la course sur route est autorisée. La durée du footing augmente avant la vitesse.

Entraînement croisé : une leçon pour la vie

Au-delà d’un mois et demi, le terrain irrégulier et pentu retrouve une place croissante dans le carnet d’entraînement. Il est alors recommandé de faire un point avec votre doc du sport aux alentours de 2 à 3 mois. Très souvent, les résultats sont satisfaisants. Si les bénéfices sont partiels, une deuxième injection est envisageable.

UNE OPÉRATION PARFOIS ! PAS DE DRAME !

En cas d’échec des PRP, une intervention chirurgicale peut être indiquée. Pas de drame ! Le chirurgien n’enlèvera que les fragments lésés. Vous perdez un peu d’amortisseur mais la surface du ménisque est si irrégulière qu’elle abîmerait désormais le cartilage ! Alors, ce geste thérapeutique s’impose au bon sens et l’arthrose n’est pas inéluctable. D’autant que, riche de cette expérience fondatrice, vous opterez désormais pour de l’entraînement croisé !

Ablation du petit bout cassé, reprise du trail à 4 mois

Le retour du sport vous offrira une piqûre de rappel autour de ce concept ! Attention, les délais de reprise ne sont pas les mêmes que pour un jeune sportif de haut niveau victime d’une fissure verticale sur un appui ! Il faut patienter au-delà des 2 à 3 semaines parfois reprises par les médias dans ce contexte. Chez le traileur quadra et plus, il faut attendre que le moignon méniscal se moule sur les surfaces articulaires. Le schéma de reprise est le suivant : pédalage cool à 15 jours, vélo plus intense à 1 mois, trottinement à 2 mois, course sol régulier à 3 mois, trail à 4 mois.

Triathlète adepte du cardiotraining et de la musculation - Médecin du sport - traumatologue du sport - nutritionniste du sport - diplômé en entraînement du sportif - Rédacteur en chef