La classification paralympique : pour plus d’équité

La classification paralympique  pour plus d’équité
La classification paralympique pour plus d’équité

Certifier des compétitions équitables entre chacun des concurrents, telle est la garantie du système de classification paralympique. Lorsqu’un athlète concourt sur une compétition paralympique, il est au préalable classé dans une catégorie de handicap régie par un système de classification. Celle-ci est réalisée par des professionnels du monde médical et technique qui ont pour mission d’évaluer l’impact du handicap sur le geste sportif et la performance de l’athlète. Il n’existe pas de système de classification commun pour l’ensemble des sports ; de par leur histoire et la forme de leur pratique, chaque discipline a son système propre.

 Par Anne Odru avec Orianne Lopez, référente classification du comité paralympique

Le code de classification à l’honneur

C’est sous l’égide du Comité international paralympique qu’est établi le code de classification qui est ensuite adapté à chaque sport et appliqué en France. Tout cela a pour but de mieux homogénéiser la pratique en compétition à travers des points très précis. « On ne parle de classification qu’en compétition ; en loisirs, chacun peut pratiquer son sport comme il le souhaite », précise Orianne Lopez, elle-même ancienne athlète paralympique (100 m, 200 m et saut en longueur). « En compétition, la classification garantit une certaine équité vis-à-vis du handicap ; cependant, elle ne supprime pas les inégalités liées aux caractères morphologiques ou physiologiques des sportifs. Certaines catégories peuvent être regroupées lorsque cela s’y prête. L’impact du handicap est minimisé au sein d’une catégorie mais il est rarement réduit à zéro. Il est possible qu’un athlète soit vraiment plus handicapé dans une catégorie en étant quand même dans la bonne, généralement parce qu’il n’y a pas de catégorie avec un handicap plus sévère ou que son handicap n’est pas assez sévère pour être dans la catégorie plus basse. Participer à des compétitions parasportives, c’est accepter ce système de classification. Il faut accepter et pratiquer pour s’épanouir et choisir le sport qui permettra de se sentir à sa place. Nous souhaitons que le système soit clair et juste pour tout le monde afin de ne perdre personne. C’est en justifiant les différences entre les catégories que nous leur donnons une légitimité. Je pense que c’est un système qui fonctionne bien car nous le remettons souvent en question. Sa modification se fait après une consultation et un dialogue de toutes les parties prenantes, pour être en accord avec son temps (rôle de l’appareillage dans la classification, place de la vidéo…). »

Pour cela, le code classe 10 déficiences :

  • Perte de force musculaire ;
  • Perte de mobilité articulaire passive ;
  • Atteinte d’un membre (absence totale ou partielle d’un os ou d’une articulation, congénitale ou conséquence d’un traumatisme ou d’une maladie) ;
  • Différence de longueur de jambe ;
  • Petite taille ;
  • Hypertonie (accroissement de la tension musculaire et réduction de la capacité d’un muscle à s’étirer suite à une atteinte du système nerveux central) ;
  • Ataxie (problème de coordination motrice suite à une atteinte du système nerveux central) ;
  • Athétose (mouvements lents, continus et involontaires) ;
  • Déficience visuelle ;
  • Handicap intellectuel.

Des règles de classification précises

Pour être classifié, il faut un diagnostic confirmé avec une condition de santé affirmant une déficience éligible au code paralympique. « Certaines pathologies ne rentrent pas dans ce code, même en étant en fauteuil. Le vécu du handicap et la gravité perçue sont variables, ça peut devenir très compliqué à gérer et à expliquer aux sportifs. »

Avec sa carrière de sportive, Orianne parle en connaissance de cause et attache une grande importance à la pédagogie pour accompagner au mieux les athlètes qui souhaitent venir à la compétition. « Ces 10 déficiences nous semblent aujourd’hui ne laisser personne de côté. Le code de classification, socle de celles de chaque discipline, évolue pour harmoniser les pratiques, notamment sur les étapes de la classification, l’analyse du dossier, les évaluations cliniques et techniques, ainsi que l’observation. »

Pour être éligible, il faut répondre à un critère minimum de handicap. Ce critère peut varier en fonction du sport, ce qui permet éventuellement de s’orienter vers une autre discipline en cas de non-éligibilité dans un sport. « Dans ce sens, il est important que les décisions des classifications nationales soient prises sur les mêmes critères que ceux des classifications internationales, notamment sur la question de l’éligibilité. » Les classifications se font pour la plupart en présentiel où chacun doit se présenter face à un groupe de 2 à 3 classificateurs (médical et technicien). « La classification nationale se fait sous les mêmes règles que l’internationale avec un bilan médical et parfois des vidéos en conditions de pratique avant l’évaluation en présentiel. L’examen clinique vise à s’assurer de la cohérence entre le diagnostic et le handicap, de vérifier le critère minimum de handicap et d’orienter l’attribution de la classe, qui est confirmée par l’évaluation technique et l’observation en compétition. »

Un système qui doit servir les jeux paralympiques

Chaque nouveau code est toujours mis en application juste après une paralympiade afin de ne pas perturber la préparation des athlètes. La classification nationale s’adapte alors aux évolutions du code de classification paralympique. « La classification nationale est très importante car elle pose les bases. La pédagogie y est alors primordiale pour que l’athlète comprenne les objectifs de la classification, son déroulé et la décision ;
et éventuellement pour préparer l’internationale. L’accompagnement et la pédagogie sont importants à la fois pour l’athlète et pour son entourage. Le code est le garant de la justice dans la compétition. Nous sommes des alliés de la performance. » 


3 possibilités de changer

  1. En cas de maladie évolutive : il faut alors passer par un medical review qui aboutira à une réévaluation. Souvent en cas d’accentuation du handicap.
  2. En cas de modification des règles de classification, comme récemment pour les amputés en rugby fauteuil où il a donc fallu que tous les joueurs concernés repassent en classification internationale.
  3. En cas de protest d’un autre pays : le chef de classification internationale doit alors étudier la contestation qui remet en cause un para-athlète et décide ou non de le réévaluer.
Triathlète aventurière - Journaliste du sport et sportive - Formation scientifique en sciences de la nature et de la vie - Rédactrice en chef adjointe