Jérémy Vaugeois : « Il faut croire en ses rêves ! »

Jérémy Vaugeois : "Il faut croire en ses rêves !"
Jérémy Vaugeois : « Il faut croire en ses rêves ! »

Aventurier multicasquette, Jérémy Vaugeois est un homme de défi. Photographe, vidéaste, droniste ; il monte des expéditions avec sa femme qui l’assiste dans la réalisation de leurs documentaires. À 35 ans il ne se lasse pas de voyager à travers le monde à vélo depuis une quinzaine d’années. Son dernier projet, « Aux pays des brumes », l’a emmené autour de la mer Baltique pour parcourir 5 000 km à vélo en 5 mois entre novembre 2022 et avril 2023.

Comment avez-vous préparé cette expédition hivernale ?

C’est une expédition extrême qui nécessite de pédaler tout un hiver du solstice jusqu’à l’équinoxe. On a pédalé dans une température de 0 °C en moyenne pour avoir des pointes à -35 °C dans le cercle polaire arctique. On a dû se préparer à affronter également des cumuls de neige parfois énormes avec plus de 12 mètres en cumulé. On avait des pneus cloutés pour rouler sur les surfaces gelées mais parfois, il a fallu pousser le vélo sur la neige. On a fait en tout 4 000 kilomètres de route blanche. On s’est préparés mentalement pour tout ça, nous avons également étudié les cartes et on étudie ce que l’on sera capables de faire en autonomie. Toutes ces petites choses nous permettent de mieux savoir ce dont on va avoir besoin en équipement.

Comment vous êtes-vous préparés physiquement ?

On se considère comme aventuriers/explorateurs avec ma compagne Sophie qui est ma partenaire sur ce genre de projet. On n’a pas l’impression de faire du sport mais plutôt d’être dans un déplacement doux tout en respectant notre corps. La préparation se fait sur le terrain, personne ne peut se préparer à faire du vélo dans un congélateur à – 35 °C ! Sur place, il faut s’acclimater et prendre son temps sans se faire violence. On fait environ 50 kilomètres par jour au début et surtout on fait attention à bien manger et bien boire.

Qu’est-ce qui a été le plus difficile à gérer sur place ?

Le froid ! C’était une difficulté choisie. Mais nous avons été surpris par les décors hivernaux dans ce contexte rude mais merveilleux. Je crois qu’à travers la rigueur d’un chemin, on se révèle énormément. Cependant, lors des pointes à – 40 °C, on a beau avoir le meilleur équipement possible, c’est très dur… Le froid qui pique, ça fait des engelures avec des pertes de sensation aux pieds et aux mains, des problèmes d’œdème…

Comment gériez-vous votre quotidien ?

Sur 5 mois, on avait comme rythme de rouler pendant 6 jours avec nuit en bivouac et de passer une journée dans un logement en dur. Pour les besoins du tournage que nous réalisions sur cette expédition, nous passions parfois 2 ou 3 jours à l’hôtel pour s’occuper du matériel et caler des interviews.

On roulait en fonction du soleil avec lequel on se levait et se couchait. Dans nos rituels, il fallait faire le feu le matin et faire le feu le soir pour manger et se réchauffer. Je dois avouer que le petit carré de chocolat le soir fait du bien aussi ! Et ce qui fonctionne très bien au petit déjeuner, c’est l’avoine qui est très riche en fibres et excellente donc pour la récupération musculaire. Tous les matins, on se rationnait en avoine et on changeait de recette chaque semaine pour se faire un happy mix.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?

On ne croise personne à cette période de l’année là-bas, même les locaux… On a quand même fait de belles rencontres. Lors du dernier jour de vélo, c’était l’équinoxe de printemps, tout autour de nous les arbres avaient des bourgeons. De revoir cette vie après 5 mois de neige, ça m’a beaucoup ému ! C’était une renaissance, et un moment tellement beau. C’était symbolique aussi de voir que nous avions traversé un hiver entier et que le printemps prenait le relais. Ça a été pour moi l’évènement le plus marquant de ce tour.

Comment s’est passée la récupération lors de votre retour ?

La récupération est super-dure… On a terminé ce voyage qui était sans doute le plus difficile que nous ayons vécu en se sentant forts de l’expérience mais en même temps lessivés. La chute s’est passée trois mois après, je me suis cassé la cheville, je pense que c’est un juste retour de la fatigue. Il a fallu accuser le coup et prendre le temps de se reposer. Nous avons repris des activités physiques moins exigeantes, comme la randonnée 3 fois par semaine sur 2 heures. On a retrouvé une sédentarité et un cocon qui nous ont fait du bien aussi.

Quels sont vos prochains défis ?

On est en train de faire un livre photo pour la première fois de notre carrière. Ensuite, j’aimerais bien retourner à la marche à pied. J’ai fait beaucoup de vélo, plus de 50 000 kilomètres sur ces 5 dernières années. J’ai des projets de traversée en France, les Pyrénées, par exemple.

Que diriez-vous aux aventuriers en herbe qui n’osent pas franchir le pas ?

Croyez en vos rêves ! Être animé par une passion, c’est le seul outil dont vous avez besoin. Il est très important de ne pas se comparer et de ne pas se faire peur en regardant le défi dans sa globalité. Il faut envisager les problèmes un par un et faire en sorte que l’aventure soit faisable. Il faut découper le projet par étapes pour le rendre accessible et y croire jusqu’au bout.

Que vous apporte votre partenariat avec Columbia ?

Plus qu’une marque et un équipementier, on a rencontré des humains derrière le logo qui nous ont toujours soutenus dans les projets qu’on entreprenait depuis 7 ans. Il y a une ambiance très familiale avec des gens amicaux, ça nous a beaucoup attirés. De plus, leur équipement est de très bonne qualité. On a toujours été au sec avec des vestes résistantes malgré les conditions extrêmes. ✱

Retrouvez le très beau livre photo Aux pays des brumes édité avec le soutien de Columbia (176 pages) disponible sur hemeria.com, sophieplanque.com et jeremyvaugeois.com

Triathlète, marathonienne Directrice de la publicité et du développement