Pour vous, le crawl constitue la référence et la brasse ne serait que l’adjointe du patron de la nage libre ! Détrompez-vous ! La brasse se révèle excellente pour votre condition physique et recèle de nombreux avantages pour votre santé articulaire et cardio-vasculaire.
On nage plus vite en crawl, c’est incontestable ! Voilà pourquoi cette technique est choisie dans les compétitions de « nage libre », notamment en triathlon. Pour optimiser le chrono, il est vrai que la brasse détient quelques inconvénients par rapport au crawl.
Le retour de bras se fait contre la résistance de l’eau. De façon comparable, les cuisses s’écartent et s’opposent à l’avancée du corps. Alors que le crawl bénéficie d’une propulsion continue grâce à l’action alternée des bras droit et gauche, la brasse est à l’origine d’une avancée par à-coups dans un milieu aqueux très dense où l’inertie est très coûteuse. Mais ces défauts pourraient bien devenir des qualités si votre objectif est de garder la forme sans vous blesser !
Le mauvais rendement de la brasse, c’est excellent pour faire travailler votre cœur et brûler des calories ! Il s’agit d’un sport d’endurance idéal ! Ces activités bénéfiques pour la santé cardio-vasculaire se définissent par l’utilisation d’une volumineuse masse musculaire à intensité moyenne responsable d’un travail cardiaque prolongé.
Le footing et le vélo en sont les disciplines emblématiques. La brasse se montre encore plus intéressante car elle met à contribution les membres inférieurs et supérieurs. A la différence du crawl, le mouvement des jambes est particulièrement ample et sollicite bien plus les masses musculaires dédiées.
En cela, elle se rapproche plus volontiers du rameur, de l’elliptique, de l’air bike ou du ski de fond. Sans compter que les ondulations mettent à contribution l’ensemble des muscles longeant la colonne vertébrale. Bon nombre d’entre nous nagent mieux la brasse que le crawl. Lorsque j’invite mes patients à faire de la natation, ils me disent souvent : « En crawl, je ne tiens pas très longtemps, mais en brasse je n’ai pas de souci pour prolonger mon entraînement. »
Sans technique correcte, le crawl s’apparente à du fractionné, alors que la brasse répond à la définition de l’endurance. Bref, la brasse constitue une excellente séance de cardio-training à intégrer à votre programme hebdomadaire !
Vous avez entendu que, pour réduire les douleurs lombaires, il fallait nager sur le dos. L’efficacité de cette pratique viendrait du renforcement des abdominaux indispensables à la remontée du bassin. Mais ce dogme ne résiste pas aux connaissances récentes.
En effet, cette affirmation vient d’une vieille notion considérant que la contraction des abdominaux permettrait d’augmenter la pression dans le ventre et de desserrer les vertèbres. Ce concept n’est que théorique et une analyse chiffrée a mis en évidence que la pression réduisant les contraintes sur la colonne provoquerait l’éclatement de la rate et du foie !
Dans le même esprit, une autre étude a montré que, chez les individus indemnes de douleurs au dos, la force des muscles longeant la colonne était 30 % plus élevée que celle des abdominaux. A contrario, elle était équivalente chez ceux qui souffraient des lombaires.
Ainsi, il semble logique de penser que les douleurs proviennent plutôt d’un déconditionnement des muscles postérieurs… et pourquoi pas d’un renforcement inopportun des muscles antérieurs. Dans ce contexte, une nage sur le ventre est plus salutaire qu’une nage sur le dos !
De surcroît, contrairement au crawl, la brasse correctement pratiquée inclut des ondulations. Ce type de mouvement engendre une mobilisation douce des disques intervertébraux. Les variations de pression au sein de ces structures sont à l’origine de la réabsorption de plasma sanguin. Ce dernier vient réhydrater le centre du disque et reconstitue de la gélatine amortissante. Les disques retrouvent plus de souplesse et les douleurs diminuent lorsque vous les sollicitez dans les gestes de la vie quotidienne. Ce raisonnement reste valable au niveau cervical, si tant est que vous réalisiez une brasse coulée associée à un redressement du buste au cours de l’inspiration. Ce geste est plus naturel que celui de la rotation forcée inhérente au crawl, surtout quand celui-ci et laborieux !
Il y a 6 millions d’années, nos ancêtres ont acquis la bipédie. De fait, nos membres supérieurs sont devenus mobiles au prix d’une relative instabilité de l’épaule ! En effet, l’os du bras, l’humérus, possède un sommet sphérique. Ce dernier tente de s’emboîter avec l’omoplate au niveau d’une surface presque plate.
Une nappe tendineuse et musculaire recouvre cette articulation pour tenter de la maintenir en place. Elle porte le nom de « coiffe des rotateurs » car elle ressemble à une chevelure bien peignée entourant la tête de l’humérus. En se contractant, elle crée un centre de rotation et les gros muscles comme le grand dorsal et le grand pectoral peuvent mobiliser l’épaule dans les 3 dimensions. Malheureusement, lors des gestes de grande amplitude, la coiffe des rotateurs vient percuter et frotter sur les reliefs osseux de l’omoplate.
C’est ce qui se produit à l’occasion du retour aérien en crawl. Ce secteur postérieur n’est pas très physiologique et ne devrait pas être utilisé de façon répétitive. Dans ces conditions, la coiffe s’abîme et devient moins performante. Elle a plus de difficulté à centrer l’humérus sur l’omoplate. Elle frotte d’autant plus sur les reliefs osseux et un cercle vicieux entraîne ces tissus dans une spirale lésionnelle. Ce mécanisme constitue la cause principale des fréquentes tendinites de l’épaule chez les nageurs de compétition.
En brasse, le retour des bras se fait en avant du buste et sur une moindre amplitude. Ce secteur de mobilité est beaucoup plus naturel. À la place des aspérités osseuses de l’omoplate, on trouve un ligament beaucoup plus souple. La coiffe des rotateurs ne s’abîme pas. Les kinésithérapeutes parlent même de « voie de passage ».
Quant aux paléontologues, ils pensent qu’il s’agit de la zone dévolue à l’« arboricolisme », c’est-à-dire au déplacement en suspension de branche en branche chez nos cousins les grands singes. Mieux encore, les rotations d’épaule en secteur physiologique caractéristique de la brasse renforcent les muscles de la coiffe des rotateurs et favorisent le centrage protecteur de l’articulation.
Pour résumer, le crawl peut favoriser les tendinites de l’épaule, alors que la brasse participerait à leur prévention. En pratique, si vous nagez pour garder la forme et non pas pour briller en compétition de natation,brassez ! Si vous avez mal aux épaules, tentez la brasse comme auto-rééducation.
Au niveau des membres inférieurs, le crawl se caractérise par des mouvements de faible amplitude. La hanche bouge un peu en flexion et en extension. Les genoux et les chevilles sont à peine mobiles. A l’inverse en brasse, ces trois articulations se déplacent sur de fortes amplitudes. Ce phénomène est bénéfique pour le cartilage et pour les muscles.
Vous le savez, le cartilage est la substance lisse qui recouvre les os au niveau des articulations. Son usure est à l’origine de l’arthrose. En brasse, les pièces osseuses glissent les unes sur les autres assez rapidement. Les compressions sont faibles car elles ne subissent pas la contrainte du poids du corps.
Dans ces conditions, le cartilage est comme poli et les mobilités articulaires sont entretenues. Mieux encore, les variations de pression permettent au cartilage d’absorber les nutriments venus de l’os sous-jacent. Dépourvu de vaisseaux, on dit qu’il s’alimente par « imbibition ». Ce constat est particulièrement vrai pour la hanche.
Le vélo est déjà considéré comme une activité idéale pour cette articulation car pédaler permet une mobilisation importante en flexion et en extension sans compression. Le cyclisme est même recommandé en cas d’arthrose de hanche. La brasse se révèle encore plus salutaire en y ajoutant une composante d’écartement et de rotation !
Il est d’usage d’apporter un petit bémol à cet enthousiasme généralisé. En effet, en brasse de compétition, lors de la flexion des membres inférieurs, les pieds partent sur les côtés et les genoux tournent fortement en rotation externe. La rotule a tendance à se désaxer et à frotter de façon asymétrique dans son couloir osseux. En théorie, cette technique serait contre-indiquée chez celles et ceux qui souffrent d’un « syndrome rotulien ».
En pratique, l’expérience de terrain ne mène pas à cette constatation. Si, dans ces circonstances, il reste préférable de conseiller le crawl et notamment les battements avec palmes, une brasse « de loisir » ne provoque pas de douleur. Au contraire, en évitant d’insister sur la rotation externe, ce mouvement de genou a plutôt tendance à renforcer la cuisse et à stabiliser la rotule.
Au niveau musculaire, le geste ample de la brasse provoque une alternance de contractions et d’étirements. Ainsi, toutes les fibres musculaires participent au mouvement et l’adaptation énergétique est plus complète qu’en crawl. Mieux encore, les variations de pression favorisent l’apport sanguin et le drainage au plus profond des muscles.
La pratique en aisance respiratoire, constitue une technique indépendante du poids du corps qui fait de la brasse une activité idéale de régénération active appelée aussi « décrassage » ! Alors, amis coureurs, allez brasser pour récupérer !
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