La Maladie de Sever : la tendinite d’Achille de l’enfant

La Maladie de Sever  la tendinite d'Achille de l'enfant
La Maladie de Sever la tendinite d’Achille de l’enfant

Votre enfant a mal à l’arrière du talon. C’est une douleur de croissance appelée « maladie de Sever ». Pas de drame : explications et solutions… avec du sport !

L’os du petit sportif grandit au niveau de zones cartilagineuses spécifiques nommées « cartilages de croissance ». Ces zones sont très actives mais également fragiles. Bon nombre d’entre elles se situent à proximité du point d’accrochage des tendons. Pour mémoire, ces derniers sont les cordelettes qui relient le muscle à l’os et transmettent la force de contraction. En cas de surmenage, chez l’adulte, le maillon faible de cette chaîne mécanique est le tendon. Et nous faisons des tendinites. 

La Maladie de Sever : la tendinite d’Achille de l’enfant

Chez l’enfant, le point vulnérable est le cartilage de crois­san­ce. Et nos loupiots sont victimes d’ostéochondroses, véritables petites fissures de fatigue du tissu ostéo-cartilagineux. Bien sûr, ces dernières se localisent volontier au voisinage de l’insertion des muscles puissants. La plus connue de ces blessures est la maladie d’Osgood-Schlatter, juste en bas du genou sur le tibia. Elle correspond au point de traction du quadriceps, le gros muscle situé à l’avant de la cuisse. De fait, vous l’avez compris, la maladie de Sever correspond à la même lésion au point d’amarrage du mollet sur l’os nommé « calcanéum ». Bref, cette ostéochondrose du talon est la tendinite d’Achille de l’enfant ! 

Un diagnostic facile ! 

La phase de croissance intensive et de fragilité du talon s’étale de 9 à 11 ans. C’est à ce moment que peut survenir la maladie de Sever. Les blessures sont rares à cette période de la vie. Alors, quand un bambin de cette tranche d’âge entre dans mon bureau, je me risque souvent à lui dire : « Tu as mal au talon ? »… Et il me prend pour un magicien 😊 ! Notre petit sportif a mal quand il court, quand il saute, parfois dans les heures qui suivent l’entraînement, rarement dans la vie quotidienne et jamais la nuit. La gêne est souvent bilatérale mais se localise parfois d’un seul côté… probablement sur le membre subtilement dominant lors des foulées et des appuis.

IL FAUT ÉLIMINER LES AUTRES LÉSIONS DE CROISSANCE DU PIED ET LES SOUFFRANCES ARTICULAIRES

À l’examen, il montre précisément l’arrière de son calcanéum. Il souffre lorsqu’il marche sur les talons et parfois quand il sautille sur un pied. La marche sur la pointe des pieds ne sollicite pas suffisamment le mollet pour reproduire la douleur. Le médecin du sport parvient à reproduire la douleur en appuyant sur le talon. Bien évidemment, il faut mener à bien une analyse complète de la zone. En réalité, il existe d’autres lésions possibles au niveau du pied à cet âge. De nombreux os peuvent souffrir d’ostéochondrose au voisinage de la cheville. Parfois, il existe des blessures dans les articulations par écrasement de la surface d’appui. Elles sont plus ennuyeuses. On parle d’« ostéochondrite ». Il est également nécessaire de checker la statique et la dynamique de la jambe. Un pied plat ou creux, très pronateur ou très supinateur, peut favoriser la maladie de Sever. La radio n’est pas indispensable. Parfois, elle rassure les parents, quantifie les souffrances tissulaires et aide le médecin à doser l’activité autorisée. On peut y voir une zone de croissance quasi normale, fissurée ou même fragmentée.

Continuer à bouger, ajuster l’activité !

L’essentiel est d’éviter la douleur tout en préservant l’activité physique si bénéfique à la santé et à l’éducation des enfants. La littérature médicale ne mentionne pas d’arrachement de l’os du talon alors que cet accident grave peut survenir au niveau du tibia en cas d’Osgood-Schlatter très douloureux. Afin que l’enfant ne souffre plus, il faut réduire les contraintes mécani­ques sur le calcanéum. Souvent, le sport de prédilec­tion peut être poursuivi mais en dosant la charge d’entraîne­ment. Il est envisageable de réduire la durée ou le nombre de séances hebdomadaires.

RÉDUIRE LA DURÉE OU LA FRÉQUENCE DES ENTRAÎNEMENTS, GÈNE AUTORISÉE, BOITERIE INTERDITE

Une gêne est possible mais toute boiterie est interdite… et décelable par la (le) coach ou les parents. On peut aussi négocier l’arrêt des compétitions ou des matchs. En cas de douleur plus invalidante ou lors des week-ends libérés, des sports de substi­tution sont autorisés… et même recommandés ! En effet, la sédentarité, même pendant quelques mois, est contre-indiquée ! Il s’agit d’un fléau métabolique et pédagogique ! L’enfant doit apprendre à ritualiser pour la vie entière une activité physique régulière ! Par chance, le bambin en crois­sance osseuse est aussi en pleine période de plasticité cérébrale !

UNE OPPORTUNITÉ POUR DÉCOUVRIR D’AUTRES SPORTS. APPRENDRE LE CRAWL ET LE VTT POUR LA VIE ENTIÈRE

Il peut découvrir de nombreuses disciplines sportives. Ainsi, il capitalisera de l’aisance psychomotrice pour se faire plaisir en bougeant durant toute son existence ! Dans ce contexte, la blessure constitue une véritable opportunité pour diversifier les sports et acquérir la technique dans d’autres disciplines. Ces dernières seront peut-être plus faciles à pratiquer que le football ou le hand quand la parentalité et l’activité profes­sionnelle seront venues alourdir la logistique quotidienne. Classiquement, pour ménager le talon, la natation et le vélo sont les bienvenus. L’enfant peut bénéficier de cours de brasse et de crawl pour nager avec bonheur et efficacité toute sa vie. Il en va de sa sécurité et de son assiduité. Le VTT est une disci­pline physique et ludique, à l’origine de belles balades familiales et complices. Loin des contraintes horaires des sports collectifs, le vélo et la piscine seront praticables aisément chez l’adulte.

Ajouter un petit traitement médical !

Pour réduire le stress mécanique du calcanéum, des talonnettes amortissantes sont les bienvenues. Elles détendent le mollet et atténuent les vibrations. Si les pieds sont très creux, très plats, trop pronateurs ou supinateurs, une paire de semelles réalisées par un podologue du sport constitue une bonne option. En limitant la bascule et la vrille de la cheville, elle diminue l’effet serpillière sur le tendon et son insertion. Ces corrections sont portées pendant l’entraînement et volontiers conservées toute la journée.

TALONNETTES OU SEMELLES

On peut ajouter des compléments alimentaires. Pour favoriser la consolidation et la formation de l’os adulte sur le siège de lésion, la vitamine D est vivement conseillée. En effet, les carences sont quasi systématiques et plus fréquentes encore chez les enfants pratiquant des sports en salle comme le basket ou le hand. La vitamine K2 essentielle au métabolisme osseux est trop souvent oubliée. Bien sûr, l’apport en calcium peut être optimisé et le silicium intervient aussi dans la résistance de l’os. Le collagène, la fibre biologique universelle structurant le vivant animal, commence à valider son efficacité lorsqu’elle est proposée sous forme de petits peptides.

VITAMINES D ET K2, CALCIUM ET SILICIUM

Enfin, il faut ajouter un ingrédient indispensable au traitement : la patience ! La gêne peut persister de longs mois voire 2 à 3 ans, le temps que le calcanéum acquière une structure d’os adulte. Une bonne raison pour continuer à bouger, pour apprendre de nouveaux sports et pour ajuster sa pratique de prédilection. Une bonne raison pour ne pas s’inquiéter : la maladie de Sever n’est pas sévère !

Triathlète adepte du cardiotraining et de la musculation - Médecin du sport - traumatologue du sport - nutritionniste du sport - diplômé en entraînement du sportif - Rédacteur en chef