Syndrome de l’angulaire : quand la sportive souffre de l’immobilité !

Femme souffrant du syndrome de l’angulaire, assise au bureau devant son ordinateur
Le Syndrome de l’angulaire, ça vous parle?

Vous avez mal en haut du dos, derrière l’épaule. Vous ressentez une tension à la base du cou, notamment au bureau. C’est peut-être un syndrome de l’angulaire. Explications et solutions. 

Le muscle angulaire s’accroche sur l’angle de l’omoplate, en haut, du côté de la colonne vertébrale. Il rejoint l’arrière des cervicales. Il participe activement à suspendre la tête lorsqu’elle est penchée en avant. Il contribue aussi à rehausser les épaules. Il peut s’épuiser et devenir très douloureux lorsque le sportif assidu… reste immobile, en mauvaise position, trop longtemps devant son bureau. 

Immobile au bureau, la sportive devient sédentaire !

Le docteur François CARRÉ, professeur en cardiologie et passionné de sport, a mené une étude très intéressante. Il a mis en évidence que le métabolisme de l’athlète assidu ressem­blait rapidement à celui du sédentaire lorsqu’il restait assis trop longtemps. Nous ne sommes pas faits pour l’immobilité ! Il en est de même pour l’appareil locomoteur. Les arti­cu­lations sont conçues pour s’articuler ! 

LES ARTICULATIONS SONT FAITES POUR S’ARTICULER

Le cartilage qui recouvre les os dans ces zones de roulement et de glissement ne reçoit pas de vaisseau sanguin. Il absorbe son oxygène et ses nutriments grâce aux variations de pression créées par le mouvement ! De façon comparable, un muscle qui alterne contraction et décontraction pompe le sang dont il a besoin. Un muscle en posture statique écrase les vaisseaux qui le traversent et altèrent son alimentation… et il souffre ! Pire encore !

SANS MOUVEMENT, LE MUSCLE MANQUE D’OXYGÈNE

Quand l’oxygène manque sérieusement, les fibres musculaires se figent à la manière d’une rigidité cadavérique… c’est la contracture. C’est ce qui se produit lorsque vous restez sans bouger de longues heures au bureau. Le phénomène s’aggrave douloureusement si vous êtes mal installée !

En mauvaise position la sportive souffre !

Si, pour regarder votre écran d’ordinateur mal placé, vous penchez la tête en avant, votre crâne pesant environ 5 kilos est suspendu à vos petits muscles cervicaux. Très vite, ils s’épuisent et font mal. Le point d’accrochage situé à l’angle supérieur de l’omoplate s’abîme ! Il devient inflammatoire.  À la palpation, votre médecin du sport perçoit même une crépitation locale qui vous fait souffrir. Les articulations du cou et les disques intervertébraux restent comprimés au même endroit. Le cartilage et les tissus sont asphyxiés. Ils se gonflent d’œdème. Ils finissent par toucher les petits rameaux nerveux qui sortent à cet endroit et donnent la sensibilité cutanée en haut du dos. Là encore, votre thérapeute peaufine son diagnostic. Votre peau est épaisse et douloureuse lorsqu’il la soulève et la fait rouler sous ses doigts. Le phénomène s’aggrave quand vous haussez les épaules afin de remonter les mains sur un clavier trop haut ! Voilà qui est caractéristique d’un ordinateur portable utilisé à la maison à l’occasion de télétravail. C’est vrai aussi au bureau lorsque vous ne disposez pas d’un tiroir coulissant pour placer votre clavier. La gêne prédomine souvent à droite car vous manipulez la souris en la soulevant légèrement mais en permanence !

En tension, vous augmentez les tensions !

Bien sûr, la composante émotionnelle est omniprésente dans ces symptômes. Le mécanisme est double. Quand vous êtes concentrée, voire stressée, vous tendez vos muscles à la manière de sapiens croisant un ours et s’apprêtant à fuir à toute vitesse. Dans les mêmes circonstances, votre cerveau mémorise la douleur pour votre sécurité, comme l’homme préhistorique se souviendra toujours de l’endroit où il a croisé ce grizzly… pour ne jamais y revenir !

LE STRESS MÉMORISE LA DOULEUR

La charge mentale vous crispe pour rédiger ce mail que votre N+1 ne lira pas 😊 ! Le spasme musculaire s’étend pour éviter de cliquer sur « envoyer » par inadvertance… alors qu’il reste une faute d’orthographe 😊. Peu à peu, votre mental associe douleur et bureautique. Progressivement et inconsciemment, elle permet d’exprimer avec pudeur votre souffrance au travail. Progressivement, elle devient anxiogène : « Et si je devenais moins performante… et si je ne parvenais plus à bosser… à cause de ma douleur ». Alors, vous l’écoutez, vous l’observez… et vous l’apprenez par cœur !

MODE D’EXPRESSION DE LA SOUFFRANCE AU TRAVAIL

Votre attention à son sujet tourne à l’obsession ! L’agitation diagnostique qui s’enclenche vous amène à des hypothèses inquiétantes. Des examens complémentaires chronophages sont programmés. Des thérapeutiques inadaptées et énergi­vores sont prescrites. Tout cet emballement vous épuise ! Le manque de sommeil au cours de cette période difficile et la fatigue cérébrale qui en résulte sont connus pour exacerber votre douleur !  

Installez-vous posément, faites des pauses !

Pour ne pas surmener les muscles posturaux, la position de bureautique doit placer la tête en équilibre, à la verticale de la colonne vertébrale. Une petite inclinaison vers l’avant de 5° est décrite par les ergonomes afin de mettre en tension le ligament suspenseur du crâne qui rejoint l’extrémité postérieure des vertèbres. Pour cela, l’écran est placé à hauteur des yeux, alors que le regard est presque horizontal. L’ordinateur portable ne peut pas offrir cette configuration.

ÉCRAN : HAUTEUR DES YEUX, CLAVIER SOURIS : HAUTEUR DES COUDES

Afin que le cou préserve sa courbure naturelle, l’ensemble de la colonne doit faire de même. De fait, les lombaires doivent se creuser légèrement comme en position debout. Pour cela, les genoux doivent être plus bas que les hanches et vos cuisses légèrement descendantes. Elles doivent suivre la convexité antérieure de l’assise des chaises de bureau prévue à cet effet. Dans l’objectif de ne pas épuiser les muscles qui stabilisent l’omoplate, il est nécessaire que le clavier et la souris se situent au niveau des coudes quand les épaules sont relâchées. Voilà qui nécessite une tablette coulissante sous le bureau ou une chaise de bureau remontée sur son vérin complétée d’un repose-pied si vous êtes petite. De surcroît, pour bien poser la main dominante, une souris de type joystick ou trackball permet d’utiliser exclusi­vement les doigts sans soulever insidieusement le poignet.

SOURIS TRACKBALL, VOIRE JOYSTICK

Mais toute bonne position qui se prolonge devient mauvaise… Les articulations sont faites pour s’articuler… et les muscles sont conçus pour alterner contraction et décontraction ! Si le dos doit rester tonique en bureautique loin du dossier basculant… il est invité à s’y poser à l’occasion des rendez-vous ou des appels téléphoniques. Les ballons de gym ou les sièges suédois à appuis tibiaux sont les bienvenus quelques minutes. Les bureaux debout ou à hauteur réglable constituent des options très intéressantes.

UNE BONNE POSITION DEVIENT MAUVAISE QUAND ELLE SE PROLONGE

On peut même placer à vos pieds un tapis de marche. Et il semblerait que la frappe et la réflexion ne soient pas affectées jusqu’à une déambulation de 2 à 3 kilomètres par heure. Enfin, en l’absence d’équipement coûteux, la pause mobilité est vivement conseillée pour prendre un café au bout du couloir ou pour échanger chaleureusement avec un collaborateur… au lieu de lui écrire un courrier électronique en position assise !

Relâchez-vous, apaisez-vous !

Étonnamment, la bonne position en bureautique ressemble à la posture de méditation assise. Pas celle sur le petit tabouret bouddhiste mais celle proposée sur une chaise occidentale par les thérapeutes spécialistes de la pleine conscience. Tête posée au sommet du cou, épaules relâchées, mains posées sur les cuisses, respirations abdominales amples libérant les tensions. Des mini-méditations assises permettent ainsi de réviser la bonne attitude et de rompre avec les apnées ou les restrictions ventilatoires trop souvent rencontrées en période de stress. De nombreuses applications peuvent vous guider sur ces courtes séances.

MINI-MEDITATIONS ASSISES RÉGULIÈRES, UN MAIL PAR JOUR AVEC UNE FOTE VOLONTAIRE

N’hésitez pas à les programmer régulièrement au cours de votre journée. Bien évidemment, la pression, le perfectionnisme sont souvent délétères chez les individus déjà consciencieux. Une thérapie spécialisée est parfois nécessaire pour gagner en indulgence avec soi-même et trouver le juste investissement dans le travail. Dans mon cabinet, j’apporte ma petite pierre à cette reconstruction en prescrivant un mail par jour avec une fote d’orthographe volontaire… afin de constater qu’il ne se passe rien 😊 ! 

Le sport participe au traitement !

Bien évidemment, rester tonique de longues heures devant son bureau nécessite un peu d’endurance musculaire. Dans ce contexte, les sports utilisant les membres supérieurs ont validé leur efficacité ! Mais si le volley et le hand ne sont plus au programme de votre vie d’adulte, le rameur, l’elliptique, la natation, la marche nordique peuvent faire l’affaire.

RAMEUR, ELLIPTIQUE, NATATION, MARCHE NORDIQUE

Mais attention, en réalité, il s’agit plutôt d’une rétraction des muscles et des membranes corporelles antérieures que d’une faiblesse des muscles postérieurs. Je me souviens d’une jeune patiente victime de cette pathologie dont le kiné prescrivait du renforcement de ses fixateurs de l’omoplate… alors qu’elle préparait les Jeux olympiques en aviron 😊 [sic] ! La posture hypotonique, courbée en avant pendant de longues journées, raccourcit inévitablement les chaînes tissulaires antérieures et tire sur les postérieures. Les fasciathérapeutes aiment à dire : « La victime hurle et le coupable est silencieux. »

YOGA, PILATES

Voilà pourquoi des activités sportives mettant l’accent sur les étirements, la posture… et l’apaisement sont indiquées. On pense bien sûr au yoga mais aussi au Pilates. Sans oublier que ces pratiques peuvent être initiées dans le cadre d’une kinésithérapie experte. 

Triathlète adepte du cardiotraining et de la musculation - Médecin du sport - traumatologue du sport - nutritionniste du sport - diplômé en entraînement du sportif - Rédacteur en chef