Pique-nique pas toxique

Pique-nique pas toxique
Pique-nique pas toxique

Le printemps et l’été sont là et l’envie de randonner plus loin, plus longtemps, nous chatouille. Les pique-niques vont s’inviter dans nos belles promenades. La première question à se poser avant de préparer les victuailles concerne le parcours : quelles en sont la longueur et la difficulté ? S’agit-il d’une sortie en itinérance ? d’une randonnée à la journée éprouvante physiquement ? ou d’une promenade en famille avec pique-nique ? Où allons-nous manger ? Devrons-nous porter les plats ? Un véhicule nous attend-il à l’emplacement du repas ? Qui portera ce repas ? Il est conseillé de ne pas dépasser un poids de portage de 10% de son propre poids. Les enfants porteront peutêtre le pain. Les réponses à ces questions nous permettront d’adapter au mieux contenants et contenus.

Par le Docteur Catherine Kabani, Médecin Fédéral FFRandonnée

Le contenu de ce repas sera adapté aux goûts de chacun en respectant quelques règles : limiter au maximum les aliments protéinés qui sont plus longs à digérer. Éviter les sauces et les produits liquides (une soupe, pourquoi pas, s’il fait un peu frais, pourra être transportée dans un contenant hermétique et isotherme, c’est autant d’eau à ne pas transporter et un petit apport de sel utile en cas de transpiration). Des sucres lents bien sûr, pour recharger son énergie : céréales, légumineuses, pain. Quelques douceurs pour le plaisir sans oublier l’eau, 1 à 2 l par personne en fonction de la météo et pour la journée.

DANS QUOI TRANSPORTER TOUT CELA ?

Des contenants hermétiques sont indispensables. Un défi : élaborer un pique-nique zéro déchet et non toxique pour soi et pour l’environnement. Pourquoi éviter les emballages plastiques ? Ils contiennent presque tous des produits toxiques qui sont pour la plupart des perturbateurs endocriniens. Ces produits toxiques migrent vers l’aliment lors du remplissage à chaud et peuvent ainsi être absorbés par le consommateur. Enfin, les plastiques ne sont actuellement que très peu recyclés.

QUELLES SONT DONC LES ALTERNATIVES AUX EMBALLAGES PLASTIQUES ?

Les emballages jetables, film étirable, papier aluminium. Sachets en plastique peuvent être remplacés par du tissu enduit de cire d’abeille, des sachets en papier pour les fruits secs par exemple. 2 matières sortent du lot pour leur innocuité :
• Le verre est inerte, recyclable mais fragile et lourd (bien qu’il existe du verre beaucoup plus léger, utilisé pour les gourdes, par exemple, et qui peut être protégé par une housse en silicone) ;
• L’inox est le produit de choix. À condition de trouver des contenants bien hermétiques.

LES FAUSSES BONNES IDÉES

Les nouveaux produits en carton sont imperméabilisés par des matières plastiques qui restent toxiques pour l’environnement. Leur composition exacte reste inconnue. Et le recyclage ? Pour l’instant, à l’étude. L’amidon de maïs ne semble pas non plus être une bonne alternative à cause des pesticides utilisés pour la culture de cette céréale. Où en est notre repas ? Une salade composée dans une boîte en inox. Du pain, des fruits secs dans un sachet papier blanc. Un morceau de fromage dans une autre petite boîte. Et beaucoup d’eau. Dans des gourdes en inox ou en verre protégé. Nous partons en randonnée, le cœur léger à l’idée de ne pas polluer la nature et de ne pas s’intoxiquer.

OÙ S’ARRÊTER ?

Là encore, on va se poser une question. Choisir son emplacement de pique-nique n’est pas simple. Il faut pouvoir s’asseoir, à l’ombre de préférence. Nous avons randonné dans la nature. Les poumons sont oxygénés. Nous allons donc éviter de respirer des toxiques pendant le repas. Éloigné des routes à grande circulation, veillons aussi à choisir un emplacement loin des cultures, pour ne pas respirer de pesticides, en particulier en période d’épandage. (Le prosulfocarbe, 2e herbicide le plus utilisé en France après le glyphosate est une substance très volatile pouvant provoquer des réactions cutanées). S’asseoir dans l’herbe nous expose aux piqûres de divers insectes et aux morsures de tiques. Une petite protection légère et réutilisable permettra de s’asseoir au sec et à l’abri d’une partie de ces insectes. Il fait chaud, la tentation de s’aérer en enlevant chaussettes et chaussures, de marcher sur l’herbe fraîche est grande. Attention dans ce cas à bien examiner la peau au retour ! Enfin, il reste la « pollution sonore » que nous accepterons et dont nous rêvons : les cloches des églises et des vaches à l’alpage ! Bonnes randonnées et bon appétit ! 


L’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a soulevé une alerte en mai 2017 au sujet des emballages alimentaires en papier et en carton. Ceux-ci contiennent en effet des huiles minérales, provenant notamment des encres et adhésifs des emballages, qui peuvent alors migrer dans les aliments. Ainsi, des résidus d’huiles minérales ont été retrouvés dans de nombreux aliments. Ces huiles, qui sont dérivées d’hydrocarbures, seraient cancérigènes et génotoxiques, c’est-à-dire susceptibles d’endommager l’ADN.

Le risque de contamination est encore plus élevé avec le papier et le carton recyclés. Lors du recyclage, les anciens emballages sont mélangés à de l’eau afin de reconstituer de la pâte à papier. Les encres et adhésifs se retrouvent mélangés au reste et entrent ainsi directement dans la composition du carton.