Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est une pathologie fréquente de l’enfant avec une prévalence de 4 à 5 % dans la population générale. Ce syndrome associe des troubles de l’attention, une impulsivité, une mauvaise régulation des émotions et parfois une hyperactivité motrice. Il peut être très handicapant avec des conséquences relationnelles sur le plan familial, scolaire ou plus généralement social. Il n’y a pas actuellement de traitement curatif de ce syndrome. Le traitement repose sur des prises en charge individuelles reposant sur différents « outils » : thérapeutiques médicamenteuses, travail psychologique en service spécialisé mais aussi prises en charge familiales psycho-éducatives.
Par les docteurs François Aubert, Président de la Commission Médicale Nationale FFGolf ; Marianne PéPIN, Médecin en pédopsychiatrie CHU de Nantes et Yves Hervouët des Forges, Médecin Fédéral FFGolf
Depuis maintenant deux ans, une politique sport santé a été mise en place par la ffgolf dont le but est de promouvoir le golf non pas uniquement en termes de performance sportive mais comme étant l’une des meilleures activités physiques car praticable par tous, que ce soit dans le cadre d’une démarche personnelle de prévention pour sa santé ou comme aide à la reprise d’activité après un problème de santé (cancer, pathologie cardio-vasculaire, maladie chronique).
C’est dans ce contexte que la commission médicale (COMED) de la ffgolf a proposé en 2021 la mise en place d’un projet visant à démontrer l’impact positif de la pratique du golf chez les enfants ayant un TDAH. Ce projet a été reçu avec grand intérêt par la ffgolf, en particulier par Christophe Muniésa qui nous a assuré de son soutien et nous a proposé de financer l’inscription à l’école de golf pour au moins 10 enfants. Pour valider ce projet, nous avons contacté Mme Gétin présidente de l’association Hyper Supers TDAH France. Elle a estimé que le projet était très intéressant. Elle nous a mis en contact avec le Pr Bonnot, chef de service de pédopsychiatrie au CHU de Nantes, qui a trouvé le projet novateur et nous a tout de suite apporté son soutien en confiant à l’une de ses collaboratrices le suivi du projet (Dr Pépin). En effet, le golf est une activité sportive nécessitant concentration, maîtrise corporelle et praxique importante, se pratiquant en plein air et avec une forte valorisation sociale. Ces éléments ont donc semblé pertinents pour améliorer la concentration et la gestion de l’hyperactivité motrice et donc la confiance en eux des enfants TDAH.
Ce projet ne pouvait aboutir qu’en partenariat avec des clubs de golf. Grâce à Alain Vallet, président de la ligue Pays de la Loire, et Yves Bechu (directeur général chez PGA France), nous avons très rapidement identifié quatre clubs de golf et leurs enseignants respectifs qui acceptèrent avec enthousiasme notre projet :
Après avis auprès du Dr Bonnot, il n’était pas souhaitable qu’il y ait plus d’un enfant TDAH par groupe d’école de golf et que ceux-ci doivent avoir entre 11 et 14 ans. Compte tenu de l’activité des enseignants, il était donc possible de proposer à 12 enfants d’intégrer l’école de golf. Ce fut le rôle du Dr Pépin de trouver parmi l’ensemble des enfants suivis au CHU ceux dont la symptomatologie était compatible avec le projet avec également comme contrainte la prise en compte de la possibilité pour les familles d’accompagner les enfants au golf. Afin d’optimiser la réussite du projet, les enfants, qui ont accepté d’y participer, ont tous été vus en juin avec leur enseignant respectif afin de confirmer qu’ils souhaitaient bien intégrer l’école de golf. Parallèlement, les quatre enseignants ont bénéficié dans le service de pédopsychiatrie du CHU d’une information sur le TDAH qui a été fort appréciée. Par ailleurs, le Dr Chaillet, médecin de ligue, nous a été d’une aide précieuse en tant que relais sur place pour apprécier l’assiduité et le comportement des enfants.
Au total, 12 enfants devaient initialement participer au projet, trois ne se sont jamais présentés en septembre, deux ont abandonné au cours du premier trimestre (difficulté à s’intégrer au groupe pour l’un, blessure pour l’autre) et donc 7 ont continué durant toute l’année. Seuls 5 ont bénéficié d’une évaluation complète en fin de saison pour apprécier l’impact sur la qualité de vie des enfants. Celle-ci s’est faite avec les échelles EQ-5D et SNAP-IV-26, Hamilton et CDI. Les résultats ne montrent pas de franche amélioration sur la qualité de vie mais le nombre d’enfants est trop faible pour tirer des conclusions fiables sur l’apport de la pratique du golf chez es enfants. Cependant, ces derniers sont ravis d’aller chaque semaine à leur cours et certains ont même participé à des compétitions comptant pour le handicap. En outre, il semble que du côté des enseignants, le golf ait été un moyen de canalisation de leur énergie, d’apprendre à respecter des règles comme le montrent les témoignages qui suivent d’Isabelle Lavie, de John Debourdeau et de Cyrille Duplessis.
Arrivé en 2021, Tiago a pris contact avec moi en août avant de commencer l’école de golf. Une fois la rentrée faite, l’école de golf commence et Tiago a un peu de mal au début à faire sa place. Mais il est intégré assez vite car il est avenant et sociable. Au fur et à mesure du premier trimestre, j’ai dû expliquer aux autres élèves pourquoi le comportement de Tiago était parfois bizarre, perturbateur pour eux, toujours en mouvement lorsque les autres jouent. Une fois tous avertis, tout s’est bien passé. Pendant la séance du samedi qui dure 1 h 30, Tiago n’est pas médicamenté. Ses parents l’ont accompagné au début pour le rassurer mais très vite, Tiago s’est fait une place. Son papa le suit régulièrement cette année car il a lui même essayé le golf pendant une initiation et en tant que pongiste, il se débrouille très bien.
L’évolution de Tiago :
Parti de rien, le voilà avec un sac prêté, un bois, un fer 7, fer 9, SW, putter, tout le nécessaire pour jouer et suivre les cours.
À noter qu’il a son drapeau jaune, donc il est autonome sur un parcours, a fait une compétition sur notre site pas encore à l’extérieur. Isabelle Lavie, enseignante au golf d’Avrillé
Rose : Rose était plutôt réservée au début. Elle s’est très bien intégrée tout au long. Elle est venue régulièrement durant toute l’année. Elle est arrivée avec une appréhension sur le fait d’échouer face à une demande de résultat mais peu à peu, cela est devenu plus facile pour elle. Rose n’a eu aucune difficulté à tenir notre format d’école de golf (durée de 2 heures). Elle est restée très à l’écoute des consignes. Rose a souhaité poursuivre le golf cette année.
Eliott : Au début, Eliott n’était pas très patient. Au bout de 10-20 minutes, il avait besoin de faire autre chose. Dès le début, il s’est bien intégré au groupe. Aucune appréhension visible sur la demande de résultat. Au fur et à mesure de l’année, la capacité d’Eliott à rester concentré a augmenté et il est devenu de plus en plus réceptif aux consignes. Il a souhaité poursuivre le golf cette année.
Mael : Au début, Mael manquait énormément de participation. Il n’était pas vraiment à l’écoute des consignes et avait une tendance à entraîner les autres et à ne pas écouter. En revanche, en individuel, il était beaucoup plus concentré et à l’écoute. Peu d’évolution durant l’année sur sa facilité à se concentrer, surtout en présence de ses copains. Mael n’a pas souhaité poursuivre le golf.
« Nous accueillons depuis deux ans maintenant des jeunes élèves TDAH dans notre école de golf de Saint-Sébastien-sur-Loire. Deux l’année passée, et trois cette année. Lors de cette expérience, nous avons observé une amélioration des comportements :
Une progression dans la pratique. Ryan a commencé les compétitions et a obtenu un index de 52. Nous le suivons depuis deux ans, car sur les deux TDAH de l’année dernière c’est le seul qui nous permet d’avoir un peu de recul. Cette année, c’est un peu plus compliqué car sa sœur l’a rejoint dans l’EDG, et le côté affectif a l’air de le perturber. Après avoir échangé avec son père, on peut dire qu’il a régressé un peu sur ses attitudes. En accord toujours avec son père, nous allons le changer de groupe et voir ce que cela va donner.
Pour les autres, ils ont fait la rentrée en septembre et il nous est difficile d’observer des améliorations, à part le fait de les voir évoluer au sein du groupe sans différences.
Je remercie l’équipe qui m’accompagne dans cette démarche et l’expérience de chacun est utile pour l’évolution de cette expérience. Certains ASBC qui sont présents dans l’EDG ont eu une expérience de « différences avec leurs enfants. D’après leurs expériences, nous adoptons peut-être les attitudes qu’il faut avoir en cas de troubles, dysfonctionnements de l’attention et de l’hyperactivité.
Cyrille Duplessis, (Pro) Xavier Aubin (Pro), Gilles Portugal (ASBC responsable de l’EDG auprès de l’association), Robert Abellard (ASBC adjoint) »
Après cette première année d’observation de l’impact de la pratique du golf sur le comportement d’enfants TDAH, nous voyons que les constatations des enseignants sont positives quant à la capacité des enfants à intégrer un groupe, à respecter des consignes et à prendre du plaisir à jouer au golf. Mais le nombre d’enfants étant limité, les tests cliniques pour évaluer l’impact positif du golf faits par les pédopsychiatres ne sont pas significativement concluants. Il faut retenir que sur les 12 enfants qui ont intégré le projet, tous ceux qui n’ont pas arrêté dès le début ont continué pendant toute la saison et ont recommencé cette année. Cela doit nous encourager à proposer à un plus grand nombre d’enfants TDAH d’intégrer une école de golf afin de pouvoir confirmer que le golf est une activité sportive non seulement compatible mais aussi à promouvoir pour le bien des enfants TDAH. La COMED tient à remercier l’ensemble des acteurs, médecins, enseignants, directeurs de golf, présidents de ligue et de l’association TDAH, ffgolf qui ont permis à ce projet de voir le jour en 2022 et de se prolonger en 2023.
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