La prise en compte des bénéfices d’une activité physique régulière et adaptée sur l’état de santé des pratiquants
fait rechercher de nouveaux espaces de pratique. Forte d’une commission Cyclisme Santé et de deux niveaux de formation Accompagnateur et Coach Vélo Santé, la FFC développe l’encadrement du cyclisme en prévention primaire pour tous et l’accompagnement de pratiquants atteints de pathologies chroniques par l’intermédiaire d’activités adaptées de vélo.
Par le docteur Colette Nordmann, médecin du cyclisme santé à la FFC
On peut penser que le vélo sur piste est une activité à la marge du Cyclisme Santé. Essayons de voir comment le cyclisme sur piste s’inscrit dans une diversification de l’offre de pratique.
La FFC est la seule fédération à promouvoir le Sport Santé à l’échelon des vélodromes. Forte de 81 vélodromes, la FFC dispose de 7 vélodromes intérieurs et 74 extérieurs : ce sont des pistes permanentes couvertes ou en plein air sécurisées, sans obstacles, recouvertes d’un revêtement lisse, à la surface dure, uniforme, antidérapante et peu abrasive en cas de chutes selon qu’elle est constituée de lames de parquet, d’enrobé, de ciment, de résines synthétiques, de béton ou de bitume.
Les longueurs de piste à la ligne noire ont une mensuration comprise entre 200 et 500 m (moyenne à 327 m et de 250 m X 7 à 8 m pour les JO et les championnats du monde), et une largeur proportionnelle à la longueur entre 5 et 10 m (moyenne de 6,5 m) afin qu’un certain nombre de demi-tours équivalent à 1 km.
L’inclinaison de la piste est déterminée en fonction du rayon constant dans les virages et des vitesses de sécurité de 18 à 44°.
Pour le Cyclisme Santé, on peut donc bénéficier de 42 km de piste si on totalise l’ensemble des vélodromes de France…
Pour permettre une activité pérenne et sécurisée tout au long de l’année, il est essentiel cependant de privilégier les vélodromes couverts, aux revêtements souples comme les parquets ou synthétiques en bon état, présentant des inclinaisons mineures, et bénéficiant d’un éclairage ainsi que de vestiaires ou de tribunes.
Les vélodromes complètent l’offre de Cyclisme santé : indépendamment de la route, du VTC, du VTT et du BMX, la piste diversifie la pratique du vélo, pour une activité régulière, progressive et adaptée, contrôlée et sécurisante, ainsi qu’une fidélisation de la pratique permettant aussi bien les actions de prévention que thérapeutiques.
À ce jour, certains vélodromes mettent à la disposition des pratiquants des services, des créneaux horaires et des assurances en responsabilité civile, des suivis et des outils performants en matériel et locaux.
Une infrastructure et un réseau mis en place pour les sportifs de haut niveau permettent un travail complémentaire préprogrammé sur home-trainer avec le vélo de piste et l’encadrement technique d’un entraîneur, des prestations structurées, organisées et individualisées.
Il reste que l’offre est insuffisante, que le nombre restreint de vélodromes proposant du Cyclisme Santé ne couvre pas la demande au niveau territorial, et qu’un travail de sensibilisation et de développement est en cours.
Pourtant, les avantages de la piste sont pluriels. Ils englobent la sécurisation et l’organisation des séances, la non-incidence météorologique si le vélodrome est couvert, la simplification de la pratique par rapport aux braquets.
À l’échelon restrictif : un nombre insuffisant de vélodromes, des problèmes de proximité et de coûts par rapport aux autres activités sur vélo.
Les objectifs de développement se situent au niveau du faire-savoir afin d’augmenter le nombre d’abonnés, notamment pour le Cyclisme Santé, et la multiplication des conventions avec les Ccomités d’entreprise et les établissements scolaires.
Le vélo de piste comporte des roues tenues par des écrous ; il n’a pas de freins ni de compte-tours.
Son pignon est fixe : 50-16 aux échauffements, 50-15 en compétition, 47-14 courant, 46-16 facile.
Les pédales sont automatiques avec des courroies et les pneus sont de type route.
Quelles sont les différentes activités possibles avec un vélo sur piste ?
Qu’il s’agisse d’initiation ou d’activités régulières pour le plus grand nombre, elles se feront dans des conditions de sécurité optimales, favorisant l’endurance, parfois la vitesse, la plupart du temps l’habileté.
La promotion de baptêmes d’initiation, de journées découvertes, de stages, ou d’entraînements de tous niveaux pour tous les âges permet aux vélodromes de diversifier leurs publics, et en particulier ceux atteints de pathologies chroniques stabilisées.
L’absence de contre-indication par la production d’un CACI est l’élément initial avant toute prise en charge, même pour un baptême sur piste.
La prescription par le médecin traitant d’activités de cyclisme adaptées est requise en prévention tertiaire pour les pratiquants en ALD ou touchés par une pathologie chronique, dont les Covid longs.
Cet accompagnement est fonction du niveau des pratiquants, il peut être dirigé à raison de 50 à 60 cyclistes avertis sur la même piste.
L’utilisation de la pente permet de faire varier les fréquences cardiaques.
Le pratiquant peut ne pas utiliser la pente et rester en deçà de la ligne noire.
Le plus souvent, la cadence de pédalage sur pignon fixe est plus rapide que sur route et supérieure à 100 RPM en moulinant, avec une utilisation du cardiofréquencemètre puisque le vélo ne comporte pas de compteur de vitesse.
Une piste plus courte a des virages plus relevés et requiert des qualités plus techniques d’adresse et de vélocité, par rapport aux pistes plus longues qui favorisent les qualités de force pure.
Une visite de non-contre-indication médicale est préalable à l’activité. Les accidents sont plus rares qu’au cours des autres activités de vélo, du fait de couloirs à conserver, respectant la ligne des sprinters et le sens de dépassement à droite, avec port de protection céphalique toujours obligatoire.
L’accidentologie est exceptionnelle lors des baptêmes d’initiation. Les collisions sont plus problématiques, surtout pour les niveaux loisirs. La traumatologie est à type de fractures de côtes, de clavicule, de luxation acromio-claviculaire et de brûlures superficielles. Les traumatismes crâniens sont rares à ce niveau d’activité.
Il s’agit d’un effort dynamique à intensités variables progressives et prolongées des composantes cardio-respiratoires.
L’activité permet l’acquisition de nouvelles aptitudes : qualités d’anticipation, d’équilibre, de coordination, et mise en jeu des différentes filières énergétiques.
Dans le cadre des pathologies cardio-vasculaires, l’entraînement régulier sur piste à intensité modérée en endurance aérobie induit des effets bénéfiques :
Bénéfices de l’association activité régulière de vélo + régulation alimentaire :
Un « régime » seul va faire perdre 1,5 kg de muscle pour 15 kg de perte de poids, d’où une baisse de la dépense énergétique du métabolisme basal, élément majeur favorisant la reprise du poids.
La pratique régulière du vélo sur base d’endurance permet de redistribuer la masse grasse au profit de la masse maigre musculaire.
Combiné à une activité en endurance, le renforcement musculaire permet d’augmenter à la fois la dépense énergétique du métabolisme de base (dépense énergétique de repos) et d’utiliser préférentiellement des lipides, surtout si la masse maigre est préservée.
En effet, développer la masse musculaire est deux fois plus intéressant : non seulement le muscle se développe mais la masse grasse se réduit. Or, au repos, les muscles sont beaucoup plus gourmands en énergie que le tissu graisseux. La masse musculaire qui se développe permet d’activer davantage le métabolisme basal qui brûle plus de calories (chaque kilo de muscle fait brûler 100 à 200 calories supplémentaires par jour), ce qui favorise la réduction de la masse grasse.
L’idéal est donc de combiner fréquemment endurance aérobie et renforcements musculaires, qui peuvent être couplés au sein de grands vélodromes couverts.
Rouler régulièrement sur piste apporte au niveau biomécanique des bénéfices liés à une activité de sport porté à décharge pondérale moins délétère au niveau ostéo-articulaire par effet de glissement protecteur du cartilage.
On assiste aussi à un meilleur contrôle glucidique par l’augmentation de la sensibilité à l’insuline :
L’activité régulière de vélo sur piste en endurance aérobie permet de réduire les conséquences du vieillissement en raison de ses effets bénéfiques :
La prise en charge par l’activité de vélo sur piste se fait à distance des thérapeutiques anticancéreuses.
En chiffres, elle diminue de 30 % les récidives du cancer du sein, de 50 % celles du cancer de la prostate et de 15 à 50 % celles du cancer du côlon.
La principale cause de la fatigue est une inflammation diffuse en rapport avec la sécrétion de cytokines par les cellules cancéreuses et les tissus inflammatoires qui les entourent.
Ces protéines, également produites par la graisse abdominale viscérale, diffusent par voie sanguine vers les muscles en provoquant une fonte musculaire précoce, et vers le système nerveux central provoquant des troubles de l’humeur, du sommeil et de la concentration.
La chimiothérapie et la radiothérapie renforcent l’inflammation et donc la sécrétion des cytokines pro-inflammatoires.
L’activité de vélo pratiquée en endurance et de façon régulière, par son action anti-inflammatoire et de baisse des cytokines, est le seul traitement actuellement validé contre la fatigue en cancérologie.
En diminuant l’insulino-résistance et la production d’insuline, l’activité régulière de vélo concourt à diminuer le développement des tumeurs puisque l’insuline est un facteur de croissance des cellules cancéreuses.
Enfin, la pratique du vélo fait sécréter des endorphines et des endocannabinoïdes qui ont une action anti-douleurs et de bien-être, d’autant que cette activité est collective avec un effet stimulant et valorisante dans des cadres impressionnants.
En résumé, l’activité de vélo pratiquée d’autant plus régulièrement qu’elle utilise la piste agit favorablement sur les effets secondaires du cancer et des traitements, et permet ainsi d’améliorer la tolérance aux traitements et de réduire les risques de récidive.
Le 31 janvier 2014, au lendemain de l’inauguration du vélodrome de SQY, Robert MARCHAND à 102 ans bat son propre record de l’heure à 26,952 km/h. Il s’astreint à un entraînement de 15 min d’entretien physique et de home-trainer chaque jour, et de 3 à 4 sorties de 1 heure par semaine, soit 5 000 km par an.
Sa fréquence cardiaque est enregistrée de 60 à 157 battements/minute, et sa VO2max se situe à 36 ml/min/kg en 2012.
On assiste à une progression de 30 % entre 100 et 102 ans en puissance énergétique, résultat combiné d’une amélioration technique acquise sur piste, d’un entraînement performant et adapté, et d’une faible diminution des potentialités physiologiques.
Elles permettent une sécurisation, une régularité de la pratique, une adaptation du mouvement et une progressivité de l’intensité à l’exercice, des contraintes mécaniques, du volume d’activité, des capacités physiologiques en endurance cardio-vasculaire et musculaire, en statique, en souplesse, en équilibre dynamique, associées à un développement des capacités cognitives dans le contexte de l’obésité et de la prévention du vieillissement.
On peut dire qu’utiliser la piste lorsque cela est rendu possible, c’est minimiser les risques et maximiser les bénéfices produits par les activités régulières de cyclisme sur piste déjà développées par certains vélodromes de France pour la FFC.
0 comments