Par le docteur Dany-Michel Marcadet, cardiologue, Centre Cœur et Santé Bernoulli à Paris, Membre de la Commission Médicale Nationale
L’infarctus du myocarde est malheureusement fréquent. On compte environ 80 000 cas par an en France. Il est la conséquence de l’obstruction d’une artère du cœur (artère coronaire). La cause de l’obstruction est, dans la majorité des cas, un caillot qui s’est formé sur une « plaque d’athérome ».
La plaque ressemble à un petit abcès, comme un bouton sur le bout du nez, avec des globules blancs et une croûte fibreuse. Les globules blancs ont absorbé le cholestérol qui s’est déposé dans les artères et, lorsque la petite « croûte » se fissure, un caillot se forme sur la brèche et, si son volume est trop important, bouche complètement le vaisseau.
La partie du cœur qui est irriguée par cette artère va être détruite. C’est cela, l’infarctus.
La maladie initiale est donc « l’athérosclérose » ; c’est elle qu’il faut soigner pour éviter l’infarctus. On sait que cette maladie est favorisée par un certain nombre de facteurs qu’on appelle les
« facteurs de risque ». Ce sont le tabagisme, un taux de cholestérol trop élevé, l’hypertension artérielle, le diabète, la sédentarité, l’hérédité et le stress. Tous ces facteurs sont aisés à dépister et leur impact sur le cœur facile à évaluer par un bilan cardio-vasculaire. Leur traitement et l’amélioration de l’hygiène de vie permettent de diminuer le taux d’accidents cardiaques de manière significative.
Quand malheureusement un infarctus survient, il reste encore des possibilités thérapeutiques pour diminuer significativement la mortalité et les séquelles, à condition d’agir très vite en appelant le 15 pour toute douleur thoracique intense afin d’être transporté rapidement dans une unité de soins cardiologiques. On peut alors dissoudre le caillot, rouvrir l’artère avec un petit ballonnet et la maintenir ouverte grâce à un petit tube grillagé que l’on appelle « stent ».
Actuellement, la prise en charge rapide de l’infarctus a permis de réduire considérablement la mortalité précoce (elle est de l’ordre de 15 % environ actuellement). Cependant, rouvrir l’artère et poser un stent ne suffisent pas pour traiter la maladie responsable de l’infarctus. Un traitement de fond est alors entrepris. Il consiste à essayer de changer le style de vie du patient grâce à un séjour en réadaptation ou à un réentraînement physique. Une optimisation des traitements médicamenteux et un accompagnement thérapeutique vont être entrepris.
Les centres de réadaptation sont, en effet, l’endroit idéal pour réaliser l’ensemble des mesures grâce à une équipe multidisciplinaire (diététiciens, psychologues, infirmières, éducateurs thérapeutiques, kinésithérapeutes, coachs sportifs et cardiologues). Ces mesures consistent en un programme d’entraînement adapté à chacun, des conseils nutritionnels favorisant les bonnes graisses, les fruits et les légumes, le régime méditerranéen, des ateliers de gestion du stress et d’arrêt du tabac, des ateliers spécifiques expliquant les pathologies et les attitudes à avoir en cas d’erreur sur la prise des médicaments, comment se surveiller, connaître les signes d’alerte, etc.
Malheureusement, tous les patients ayant eu un infarctus du myocarde ne vont pas en réadaptation, ils ne pourront donc pas bénéficier des bienfaits d’un programme de réadaptation. On sait pourtant que ce dernier diminue de 50 % les récidives et de 30 % la mortalité !
Une fois la réadaptation terminée, les patients sont conseillés sur la reprise d’une activité physique, voire encouragés à en commencer une s’ils étaient complètement sédentaires avant l’accident.
En général, le golf est fortement conseillé pour plusieurs raisons : il s’agit d’une activité physique peu ou moyennement intense, prolongée. L’Organisation mondiale de la santé conseille d’avoir au minimum une activité de 150 minutes par semaine, mais plus on en fait et mieux c’est, or une seule partie de golf remplit le contrat, l’idéal étant de jouer deux ou trois parties par semaine. Le golf se pratique en plein air et on sait que le « greenness » est recommandé pour diminuer le stress et la dépression. Parmi les programmes passerelles qui ont été mis en place pour orienter les patients vers un sport après un accident cardiaque, le golf est l’un des sports qui a été choisi pour son adaptabilité au plus grand nombre. Il fait partie des rares disciplines autorisées en compétition après un infarctus du myocarde.
La réponse est sans aucun doute OUI. Il s’agit d’une activité physique qui peut être prescrite pratiquement chez tous les cardiaques après, bien entendu, un bilan d’évaluation de la cardiopathie. Les contre-indications sont très rares. Ses bienfaits sont ceux de l’activité physique ; diminution du risque cardio-vasculaire et de la mortalité, augmentation de la durée de vie, baisse de la pression artérielle, meilleure régulation métabolique du sucre, amélioration du diabète, baisse du cholestérol, diminution du stress et amélioration de la qualité de vie.
Les bénéfices de la pratique sont largement au-dessus des risques de l’exercice physique ; tendinites, déchirures musculaires, douleurs articulaires ou risque cardiaque de trouble du rythme ou d’une récidive d’infarctus.
Lire aussi: « Golf: 5 raisons santé pour s’y mettre » ou encore «
En conclusion, oui, vous pouvez jouer au golf après un infarctus dans la très grande majorité des cas, mais avec certaines précautions ; le golf absolument, mais pas n’importe comment !
>> A lire: « Golf: quelques précautions pour cette activité de plein air«
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